Intervention de Pr Brigitte Autran

Réunion du mardi 6 décembre 2022 à 17h15
Commission des affaires sociales

Pr Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) :

Nous pourrions parler longuement de la situation des vaccins. S'agissant de la campagne vaccinale, nous avons demandé son renforcement dès notre avis du mois d'octobre. En France, le deuxième rappel a été réalisé depuis janvier 2022 jusqu'à septembre 2022 avec une série de vaccins monovalents qui s'adressent aux personnes de plus de 60 ans, aux personnes présentant des facteurs de risque, y compris des adolescents, à leur entourage et aux soignants. Ces vaccins ont été administrés dans des proportions variables selon les régions et ont touché entre 30 % et 60 % des personnes éligibles. La couverture vaccinale s'est avérée plus faible dans les régions du sud de la France. Une deuxième campagne de rappel a été lancée en octobre avec des vaccins bivalents qui devraient être plus protecteurs envers le SARS-CoV-2 de type BA.5 actuellement en circulation. 2 500 000 personnes ont été vaccinées depuis le mois d'octobre. On peut regretter que cette couverture vaccinale soit encore faible. L'un des facteurs qui l'expliquent, néanmoins, est qu'une grande partie de la population a été vaccinée pendant l'été ou a développé un covid durant cette période. Le délai entre deux vaccinations recommandé est de trois à six mois, partout dans le monde. Il n'a jamais été question d'un délai quatre mois. Ainsi, beaucoup de personnes se situent dans cet intervalle et doivent se faire vacciner en décembre. Nous attendons donc une vague importante de vaccinations en décembre, correspondant au cycle recommandé en France comme dans le monde entier. S'il existe probablement une insuffisance de la couverture vaccinale, les chiffres ne sont pas comptabilisés de la même façon en France et dans les autres pays. Il est vrai que le Royaume-Uni est un pays modèle en matière de vaccination, et pas seulement dans le cas de la lutte contre la covid.

Il n'y a pas de raison de recommander une vaccination de la population générale contre le monkeypox. Cette infection ne touche pour l'instant qu'une population restreinte, qu'il importe de vacciner. Dans aucun pays du monde, il n'est recommandé d'élargir la vaccination au-delà de la population à risque. Il me semble que la France a suivi une bonne stratégie en la matière. Même si nous continuons à dire qu'il faut vacciner les populations qui n'ont pas encore reçu d'injection, la France fait partie des pays qui a reçu le plus de vaccins au monde contre cette infection.

Je ne voudrais pas éluder la question de la réintégration des soignants, mais elle n'a pas été posée au Covars. Nous attendons que la HAS, saisie sur ce sujet, se prononce. L'un de vous a évoqué la cohérence de la parole, à laquelle nous sommes très attachés. Nous avons choisi de procéder par des avis collégiaux. Nous exprimons nos opinions de manière collégiale. Surtout, nous sommes très préoccupés par les interactions du Covars avec les autres institutions, que nous rencontrons régulièrement. Nous avons le projet d'établir des recommandations communes sur les vaccins, et le ministre nous encourage largement à adopter cette pratique. Nous allons œuvrer à faire du Covars un interacteur entre les différentes agences pour défendre une parole commune. Je suis en effet d'accord avec vous pour dire qu'il s'agit d'un moyen efficace de rétablir la confiance.

Vous nous avez aussi interrogés sur les risques climatiques et sur la définition d'une crise sanitaire. M. Rémy Slama va vous répondre.

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