Tout d'abord, je vous présente tous mes vœux, surtout de santé, pour cette nouvelle année. Je tiens à évoquer deux problèmes qui, à mon sens, constituent les causes structurelles de la vie chère sur le territoire : l'accessibilité des hommes et des femmes, et l'accessibilité des marchandises, ainsi que je les dénomme. Je prendrai l'exemple de mon territoire pour mettre en lumière cette volonté politique.
S'agissant de l'accessibilité des hommes et des femmes, la dernière délégation de service public – DSP – aérienne conclue pour la desserte du territoire est une véritable régression. En effet, bien qu'elle maintienne douze vols annuels directs vers Paris, obtenus il y a quelques années, elle supprime plus de cent vols régionaux desservant notre environnement proche, s'accompagnant d'une augmentation de 7 % du prix des billets. Le coût reste donc prohibitif – nous l'avons évoqué précédemment : il faut compter à peu près 1 800 euros en classe économique au départ de Paris pour un aller-retour. Dès lors, il est évident qu'il est assez difficile de désenclaver le territoire, de renforcer son attractivité et de faire venir de la main-d'œuvre.
S'agissant des marchandises, ce n'est guère plus réjouissant. La DSP maritime ne s'applique qu'à un tout petit tronçon entre le port d'Halifax et le territoire. Pour les marchandises qui viennent d'Europe, puisque nous sommes également Européens et Français, sur les 6 500 kilomètres parcourus, la DSP ne s'applique finalement qu'à un tronçon de 600 kilomètres. Naturellement, entre ces deux tronçons, c'est un peu « open bar ». Ce système aux multiples intermédiaires a engendré à Saint-Pierre-et-Miquelon une inflation supérieure à 12 % – vous n'avez pas cité le chiffre, monsieur le ministre délégué.
Dans un cas, la population voit le navire retenu dans le cadre de la DSP passer au large parce que le Canada et Terre-Neuve sont desservis naturellement avant le territoire pour des raisons d'économies. Dans un autre, la population doit jouer avec le stock des containers, en raison de flux de marchandises qui sont détournés au dernier moment vers la Colombie, ce qui est un peu particulier.
L'exaspération grandit chaque jour. La dernière fois, les camemberts sont arrivés sur le territoire en marchant.