Intervention de François Braun

Séance en hémicycle du mercredi 1er mars 2023 à 21h30
Politique du médicament et pénuries

François Braun, ministre de la santé et de la prévention :

En outre, la politique du médicament est étroitement liée aux finances publiques. La soutenabilité de notre système universel de protection sociale constitue un enjeu crucial pour l'avenir. Si l'accès à la santé est ma première priorité, en matière de politique du médicament, ma principale préoccupation est, logiquement, de lutter contre toutes les pénuries ou difficultés d'approvisionnement qui pourraient compromettre l'accès de nos concitoyens aux produits de santé dont ils ont besoin. Nous ne sommes pas le seul pays qui fait face à des difficultés. Je pense aux États-Unis, au Canada et à nos voisins européens : le problème est malheureusement international.

Je suis bien conscient que les difficultés pour se procurer par exemple du paracétamol ou de l'amoxicilline, en particulier lorsqu'ils sont destinés aux enfants, engendrent des situations d'angoisse qui sont tout à fait compréhensibles. L'inquiétude de nos concitoyens est légitime, et je l'entends. Aussi notre mobilisation doit-elle être forte, collective et coordonnée pour résoudre ces situations aux effets complexes et aux causes multifactorielles. L'amoxicilline, par exemple, dont il a été largement question dans le débat public, a pâti d'une demande conjoncturelle très forte en raison de la rencontre de plusieurs épidémies hivernales, associée à une anticipation insuffisante des industriels, la crise sanitaire ayant provoqué une baisse de la consommation de la population pendant plusieurs périodes consécutives. La crise liée au covid a balayé nos certitudes, nous devons collectivement en tirer les conséquences.

Les médicaments sont d'autant plus sensibles à ces chocs exogènes que leur production est le résultat d'un processus complexe et extrêmement normé. Il fait intervenir une grande diversité d'acteurs, qui interagissent dans des chaînes de valeur internationales, avec un environnement géopolitique instable. On imagine bien qu'il suffit d'un grain de sable dans l'un des rouages pour que tout le mécanisme s'enraye. Il serait aisé de chercher des coupables à l'autre bout du monde, de renvoyer dos à dos, tour à tour, industriels, gouvernements, grossistes-répartiteurs, voire prescripteurs. Non : la complexité ne doit pas diluer notre responsabilité dans les contextes de crise.

Le Gouvernement a réagi. Nous avons conçu des solutions très concrètes afin de résoudre les problèmes à court terme, tout en travaillant à nous rendre résilients dans le temps. Au plus dur de la crise, nous avons pris rapidement des mesures fortes, telles que le contingentement des stocks, l'interdiction des exportations, l'autorisation donnée aux pharmaciens d'effectuer des préparations magistrales, la diffusion régulière d'informations aux prescripteurs et à la population. Elles ont permis de limiter autant que possible les tensions rencontrées sur certains produits et surtout leurs effets.

J'en profite, madame Pires Beaune, pour répondre à votre question relative aux appels d'offres des établissements de santé. Nous leur avons envoyé une instruction pour leur recommander de favoriser systématiquement le multiapprovisionnement, afin de ne pas dépendre d'une seule structure, et de préférer les produits fabriqués en Europe, notamment en appliquant des critères environnementaux.

Grâce à l'intense mobilisation des services des ministères concernés, et particulièrement de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, la situation globale évolue désormais favorablement. Grâce à un travail efficace avec les industriels, nous avons accéléré la production et la distribution. Pour reprendre l'exemple de l'amoxicilline, nous fournissons aux officines 1 million de flacons et de boîtes ; fort heureusement, nous continuons à alléger chaque jour les tensions et à rétablir les stocks. Grâce à des dialogues et des travaux réguliers avec l'ensemble des acteurs pour trouver les meilleures solutions, semaine après semaine, en fonction de l'évolution de la conjoncture, nous nous acheminons sûrement vers un retour à la normale. J'y veille quotidiennement. C'est ce message positif que je veux vous faire connaître, même si nous restons très prudents, vigilants et mobilisés.

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