Intervention de Sébastien Lecornu

Réunion du mardi 24 janvier 2023 à 17h05
Commission de la défense nationale et des forces armées

Sébastien Lecornu, ministre :

J'ai déjà en partie répondu au sujet de la BITD. La question des stocks est essentielle. Les entreprises qui ont des marchés potentiels à l'exportation doivent prendre plus de risques que celles qui n'en ont pas.

Il est sain que la BITD soit athlétique. On le doit aux armées, mais aussi aux contribuables. Mon portefeuille ministériel comprend les industries de défense et mon propos est par définition bienveillant. Mais il est aussi exigeant, car c'est ce qui permettra de protéger la BITD. Peut-on affirmer que notre modèle de souveraineté industrielle est garanti pour les cinquante prochaines années ? Non. Nous faisons ce nous pouvons avec cette augmentation importante du budget. Il faut aussi faire face à des défis, dont certains ne sont pas particuliers aux industries de défense – comme par exemple le manque de main d'œuvre. Mais il est évident que la programmation budgétaire ne doit pas conduire à éteindre toute forme de prise de risque. Je le dis comme je le pense. C'est ce que nos grands anciens ont demandé à la BITD et c'est ce que je vous propose de continuer de faire.

Avec les 413 milliards d'euros prévus, nous engageons un effort important en faveur de la dissuasion et d'un modèle d'armée complet. Il s'agit de disposer d'armées d'emploi, avec de très grandes capacités expéditionnaires. Mais aussi d'armées qui prennent soin des blessés et de leurs familles. Nous nous appuyons sur une longue histoire ; tout cela participe à l'épaisseur et à l'identité de notre modèle d'armée et nous permet aussi d'occuper une place de leader. Dans l'interview que j'ai accordée au journal Le Monde, j'ai dit que ce budget nous permet de rester une puissance mondiale. Sans cela, nous subirions un déclassement faute d'investissements dans les secteurs d'avenir comme le cyber et le spatial. On voit aussi que les matériels font de plus en plus appel au numérique et aux technologies – il suffit pour cela de regarder les changements spectaculaires apportés par le programme Scorpion (synergie du contact renforcée par la polyvalence et l'infovalorisation).

Quelles sont les conséquences sur la coopération entre l'UE et l'OTAN ? Être nation-cadre, c'est pouvoir emmener les autres. Si nous sommes capables de le faire dans le cadre de la mission Aigle de l'OTAN en Roumanie, nous pouvons le faire avec d'autres formes de coalition. C'est la raison pour laquelle j'ai cité précédemment la force Takuba.

Au fond, nous sommes en train de solder le retour d'expérience de la première guerre du Golfe. À l'époque, nous n'avions pas été autonomes en matière de renseignement – d'où la décision de créer la DRM. Nous n'étions pas présents à haut niveau dans les états-majors et les missions confiées à l'armée française étaient de second rang. On ne pouvait pas se satisfaire de cette situation. Avec cette LPM, nous allons encore renforcer notre capacité de nation-cadre, en renforçant les états-majors et la logistique. Cela ne veut pas dire que nous pourrons tout faire seuls, ni que nous constituons un corps d'armée autonome – ce qui n'aurait guère de sens. Mais nous pourrons clairement assurer un rôle de leader. C'est aussi un gage de sécurité, car un certain nombre de nos intérêts se situent loin de l'Hexagone, notamment outre-mer.

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