Intervention de Barbara Pompili

Réunion du mercredi 15 février 2023 à 18h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili, ancienne ministre de la transition écologique (2020-2022) :

Lors de mon arrivée au ministère, nous sommes dans une situation de dépendance dont nous voulons sortir, même si cela suppose un processus long. L'énergie que nous consommons est produite à hauteur de 55 % en France, mais 45 % sont importés – il s'agit pour l'essentiel d'énergies fossiles. Notre production repose quant à elle sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Le problème est que les énergies fossiles sont extrêmement polluantes et émettrices de gaz à effet de serre. Pour respecter les objectifs en matière de transition écologique, il faut baisser la consommation de ces énergies.

Il me revient de poursuivre le travail d'application des mesures votées dans le cadre de la loi relative à l'énergie et au climat, c'est-à-dire la fermeture des centrales à charbon. Beaucoup d'actions avaient déjà été engagées. La centrale du Havre est sur le point de fermer. La fermeture de celle de Saint-Avold doit suivre. Il reste à traiter le cas de celles de Cordemais et de Gardanne.

Lorsque je quitte le ministère, nous avons réussi à fermer les centrales qui devaient l'être. La centrale de Saint-Avold a été maintenue en veille pour pouvoir passer l'hiver et faire face aux problèmes d'approvisionnement liés à l'arrêt de réacteurs nucléaires. Il faut aussi gérer les conséquences sociales des fermetures de centrales à charbon, notamment à Gardanne. Les salariés de la centrale de Cordemais avaient un projet intéressant de reconversion en usine de black pellets, et je suis fière que nous ayons pu le relancer.

En ce qui concerne les autres énergies, la construction d'une dernière centrale à gaz avait été lancée en Bretagne bien avant que je ne prenne mes fonctions.

Je me suis aussi attelée à la réduction de notre consommation d'énergies fossiles. Si l'on veut baisser nos émissions de gaz à effet de serre, il n'y a pas le choix. Deux moyens sont possibles pour y arriver. Il s'agit d'une part de la sobriété énergétique, en revoyant nos modes de vie – utiliser le vélo plutôt que l'automobile, par exemple. D'autre part, on peut améliorer l'efficacité énergétique. C'est ce que nous avons fait dans le cadre de la loi « climat et résilience », en accélérant la rénovation des bâtiments. Ce secteur représente 33 % des émissions de gaz à effet de serre, ce qui est énorme. Il fallait absolument aller plus vite en matière de rénovation énergétique, tant pour l'habitat que pour le tertiaire et les bâtiments publics. Nous avons pris des mesures en ce sens.

Les changements d'usages supposent que les collectivités territoriales développent des alternatives à l'automobile, qu'il s'agisse du vélo ou des transports en commun. Comme ces derniers ne peuvent pas être mis en place partout, il fallait aussi réfléchir à davantage utiliser des énergies décarbonées pour ceux qui ont besoin d'une automobile, en favorisant le passage du moteur thermique au moteur électrique. Mais cela ne se fait pas en un claquement de doigts. Il faut mettre en place une stratégie de filière de véhicules électriques, sur laquelle nous avons beaucoup travaillé avec ma collègue Agnès Pannier-Runacher, alors ministre déléguée chargée de l'industrie. Une telle filière comprend la construction des véhicules et des batteries, mais elle suppose aussi des actions de formation. Il faut également se préoccuper de la transition de l'industrie automobile vers l'électrique.

Il fallait aussi aider nos concitoyens à accéder aux voitures électriques, parce qu'elles sont plus chères et qu'un certain nombre d'entre eux n'ont pas les moyens de les acquérir. Nous avons donc beaucoup travaillé à des mesures d'aide au changement de véhicule, avec différents mécanismes tels que le crédit d'impôt ou la prime à la casse.

Tout cela prend du temps.

La décarbonation de l'industrie est aussi un moyen très important de réduire l'utilisation d'énergies fossiles, donc nos émissions de gaz à effet de serre. Nous avons développé le plan « France relance » pour accroître les aides à la décarbonation de l'industrie. Je pense à l'exemple emblématique des hauts-fourneaux de Dunkerque. Nous avons aussi beaucoup investi dans le développement de la filière hydrogène, qui est l'une des nombreuses filières de la transition énergétique.

Vos questions appellent des réponses très vastes…

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