Intervention de Laure Lavalette

Réunion du mercredi 1er mars 2023 à 9h35
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaure Lavalette :

Nous sommes tous ravis, je suppose, de débattre de ce texte, qui devrait faire l'objet d'un consensus. Dans son livre Les tout-petits face aux écrans, Anne-Lise Ducanda, médecin de PMI, parle d'une « épidémie silencieuse ». Protéger les plus petits d'un objet ordinaire que les adultes utilisent toute la journée et qui est en apparence totalement inoffensif, tel est l'enjeu de cette proposition de loi. Le tout-numérique s'inscrit rapidement dans nos vies, sans même que nous en ayons conscience, et c'est d'ailleurs parce qu'il est omniprésent et incontournable qu'une véritable hygiène numérique doit être mise en place.

Si les écrans ne sont pas négatifs en eux-mêmes – comme vous l'avez dit, madame Guichard, tout est une question d'équilibre – et s'ils ont même permis des avancées majeures, nous devons acquérir des réflexes protecteurs à leur sujet et légiférer sur cette réalité qui n'est plus si nouvelle. Si les adultes ont, pour la plupart, un recul suffisant par rapport aux limites que peut présenter le tout-écran, les jeunes enfants risquent gros : ralentissement de l'apprentissage des fondamentaux, troubles cognitifs, relationnels et intellectuels, obésité, impact sur le sommeil, problèmes de vue, hypertension artérielle, problèmes de concentration, les dégâts, on le sait, peuvent être nombreux.

Ce texte, comme le souligne l'exposé des motifs, a pour objet d'être une première pierre législative. Nous nous en réjouissons, mais il ne faudrait pas croire qu'une simple mention sur des emballages ou dans les carnets de grossesse suffira. Les bonnes pratiques mettent toujours plus de temps à s'ancrer dans le quotidien que les moins bonnes.

Vous avez cité, en revanche, un aspect fondamental qui est trop peu mis en avant, à savoir l'égalité des chances. Le développement d'un enfant ne devrait pas dépendre des possibilités dont disposent ses parents pour lui offrir des activités variées, loin des écrans.

C'est aussi parce que nous n'avons pas à nous immiscer dans les habitudes des foyers que nous devons être attentifs aux bons usages dans les lieux d'accueil des jeunes enfants, notamment les maternelles. Si l'écran peut être un outil, l'enfant doit d'abord être en mesure de se développer pleinement au contact du réel avant d'appréhender la vie et les apprentissages à travers les supports numériques.

Pour conclure, nous sommes favorables à cette proposition de loi, même si nous craignons que la démarche ne soit pas à la hauteur des enjeux.

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