Intervention de Alexandre Portier

Réunion du mardi 4 avril 2023 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandre Portier :

Depuis des mois, se répète l'idée que toute l'injustice du système scolaire viendrait du privé, qui siphonnerait les meilleurs élèves et les financements, au détriment du public. Rétablissons la vérité : le privé n'est ni un parasite aux crochets du public, ni un lieu de ségrégation organisée. En tant que ministre, monsieur Ndiaye, vous ne pouvez évidemment pas alimenter ces grands mythes, auxquels tient tant l'extrême gauche.

Premièrement, le privé n'est pas un bloc homogène. Ma circonscription compte, certes, des collèges privés avec des indices de position sociale (IPS) de 110 ou de 120, mais également un grand écart, entre le collège public de Chazay-d'Azergues – dont l'IPS est de 133 – et le collège privé Notre-Dame, à Belleville-en-Beaujolais – dont l'IPS est de 107.

Deuxièmement, le privé ne prive personne, ou du moins, pas comme on le croit. Pour ma part, j'ai fait la moitié de mon parcours dans le public, et l'autre moitié dans le privé, non pas en raison de stratégies scolaires élaborées ni parce que nous étions riches, mais parce que cela arrangeait mes parents d'un point de vue géographique, en raison de leur lieu de travail, et parce que l'on y pratiquait des tarifs adaptés aux élèves modestes, dont je faisais partie – même s'ils se saignaient pour me permettre d'y aller.

Il faut donc tuer un mythe : le privé ne prive personne, et notamment pas les enfants du public de moyens, n'en déplaise à l'extrême gauche. Les enfants du privé reçoivent juste de l'État ce qui leur est dû. Non, le privé ne prive pas par volonté : en dehors du triangle d'or parisien, il n'y a pas de grand apartheid scolaire en France. Dans la plupart des départements, les établissements privés sont ceux du grand brassage géographique, et donc culturel : ils sont, en eux-mêmes, un lieu de mixité.

Si l'IPS du privé a augmenté de trois points cette année, ce n'est pas parce qu'il a durci ses conditions d'accès, mais parce que les parents s'autocensurent – ou du moins sont prudents – du fait de la crise. La sélection ne se fait pas par choix, mais par conséquence. On n'est pas recalé du privé pour des questions d'argent, mais de résultat : telle est la vérité. Le privé applique juste l'exigence à laquelle le public a souvent renoncé. Si le privé existe en France, c'est qu'il a une raison d'être : la liberté éducative, qu'il nous faut chérir et utiliser comme un stimulant. Que proposez-vous pour renforcer les capacités d'expérimentation du privé au service de l'instruction nationale, et pour garantir l'équité due aux élèves du privé, notamment en matière de restauration scolaire ?

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