Intervention de Emmanuel Fernandes

Réunion du mardi 28 mars 2023 à 17h20
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuel Fernandes :

Nous abordons un sujet grave. Il s'agit de la capacité d'une partie du pays, qui est la septième puissance économique mondiale, à satisfaire le premier des besoins primaires : se nourrir – et se nourrir plus sainement.

Depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir et en conséquence directe de ses choix économiques, le cumul des cinq plus grandes fortunes de France est passé de 117 milliards d'euros à 406 milliards d'euros. Sur la même période, le nombre de personnes ayant recours à une aide alimentaire est passé de 5,5 millions à plus de 9 millions – ce chiffre inclut le réseau des banques alimentaires et des associations distribuant des denrées sans condition.

La situation s'aggrave, car l'inflation sur les produits alimentaires explose. En février, elle a atteint 14,5 % sur un an en moyenne. Elle est à plus de 18 % sur certains produits laitiers comme le beurre, plus de 20 % sur les pâtes et bien au-delà de 30 à 40 % sur de nombreux légumes. Il est donc plus qu'urgent de donner à chacune et à chacun les moyens de subvenir à ses besoins alimentaires et à ceux des familles.

La proposition de loi que nous examinons offre une réponse conjoncturelle possible. Avec la NUPES, dans cette France plus riche que jamais, nous proposons par ailleurs d'augmenter le Smic, les salaires, les retraites et les minima sociaux et d'instaurer une garantie d'autonomie pour les étudiants. Bref, nous proposons d'organiser le partage des richesses, ce à quoi le Gouvernement se refuse.

À l'urgence sociale s'ajoute l'urgence écologique. Nous prenons acte des avancées réalisées ces dernières années en matière d'offre de menus végétariens dans une partie de la restauration collective, mais l'urgence nous impose de déplacer plus rapidement les curseurs. La surproduction et la surconsommation de viande et de produits laitiers constituent des périls pour notre environnement et nos écosystèmes. L'élevage industriel est une cause majeure de déforestation. Il entraîne aussi une dramatique pollution des eaux, notamment en raison de l'usage intensif de pesticides, et compte pour au moins 14 % des émissions mondiales de GES. L'élevage intensif est également un facteur critique dans le dérèglement climatique. En outre, la préoccupation pour le bien-être animal y est inexistante.

Pour contribuer à briser ce cycle infernal, il convient de favoriser l'apprentissage de nouvelles habitudes alimentaires. Tel est le sens de l'option végétarienne quotidienne, que nous souhaitons issue de l'agriculture biologique, dans les cantines scolaires. Cette mesure vertueuse permet de préserver la santé des plus jeunes, en intégrant plus de fruits et légumes dans leur alimentation, à l'heure où 17 % de la population sont victimes d'obésité et où seulement une personne sur cinq mange cinq portions de fruits et légumes par jour.

Il est démontré que, à bien des égards, l'agro-industrie met à mal la santé des consommateurs. Inscrivons donc dans la loi l'interdiction des viandes contenant des nitrites ou des nitrates ajoutés, dont l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a confirmé que leur consommation augmente le risque de cancer colorectal !

Notre pays ne mange pas à sa faim et notre modèle alimentaire a des impacts écologiques et sanitaires ravageurs. Saisissons l'occasion qui nous est donnée d'agir sur tous ces sujets !

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