Intervention de Francesca Pasquini

Réunion du mardi 28 mars 2023 à 17h20
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrancesca Pasquini, rapporteure :

Vous évoquez une « politique du chèque », comme si la mise en place du chèque alimentaire constituait un gâchis d'argent public.

Il faut de nouveau rappeler quelle est la situation du pays : l'inflation des prix alimentaires a atteint des niveaux inédits ; avec une moyenne de + 15 %, elle induit de fortes modifications des comportements des consommateurs, qui ont de moins en moins les moyens d'acheter des produits frais et de qualité.

L'urgence est triple. Elle est d'abord sociale, les associations d'aide alimentaire enregistrant une hausse record des fréquentations, avec une multiplication par trois du nombre de bénéficiaires en dix ans.

Elle est ensuite sanitaire. L'inflation entraîne un recul de la consommation de produits frais et de qualité, particulièrement des fruits et des légumes. Cela pose un véritable problème de santé publique, alors que 47 % des Français sont en surpoids et 17 % sont obèses. De plus, nous ne sommes pas égaux devant ces risques pour la santé, la prévalence de l'excès de poids étant de 50,1 % chez les ouvriers et de 35 % chez les cadres.

L'urgence est enfin économique. C'est toute la stratégie de montée en gamme de l'agriculture française qui est menacée par le niveau actuel de l'inflation, comme en témoigne la chute très préoccupante de la consommation de produits bios. Or la seule réponse apportée par le Gouvernement est le très hypothétique chèque alimentaire, promis il y a plus de deux ans par le Président de la République, de nouveau annoncé pendant la campagne présidentielle et resté depuis lettre morte. Le Gouvernement semble désormais vouloir transformer le chèque alimentaire en une ligne budgétaire d'à peine 20 millions d'euros, qui plus est pour financer des expérimentations locales. Cela ferait presque sourire si le sujet n'était pas si grave.

Ce constat doit nous inviter à rejeter l'amendement de suppression et à voter l'article 1er, qui repose sur un dispositif en deux temps : l'attribution d'une prime alimentation exceptionnelle de 50 euros aux ménages les plus précaires, dès le 1er juillet 2023 ; la réunion d'un comité des parties prenantes chargé de proposer des solutions pérennes, à partir de septembre 2023.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion