Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mercredi 10 mai 2023 à 15h00
Structuration financement moyens et modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

…c'est l'attirail du parfait manifestant d'extrême gauche – ou du parfait voyou d'extrême gauche, aurais-je presque envie de dire. C'est cette même extrême gauche qui n'a qu'une seule obsession – en découdre avec les forces de l'ordre – et qui, pour y arriver, empoisonne les manifestations, insuffle un vent de tension, pousse à l'affrontement.

Et ça marche ! La méthode n'est pas nouvelle. Ils s'infiltrent dans les cortèges et réapparaissent sans prévenir au cœur des manifestations. Ils s'éparpillent par la suite pour atteindre leurs cibles – armés, évidemment.

Déjà en 2019, les manifestations des gilets jaunes avaient été confisquées par des black blocs, des marginaux et des casseurs qui n'avaient qu'un rêve en tête, la destruction, laissant dans leur sillage poubelles et voitures brûlées, vitrines de commerces éventrées, Arc de Triomphe balafré. Ces délinquants n'ont que l'insurrection en tête et sont prêts à tout pour purger leur trop-plein de haine et de violence.

Les récentes manifestations contre la réforme des retraites ou à Sainte-Soline sont une nouvelle preuve – s'il en était besoin – de la fracture profonde de notre démocratie déboussolée. Le spectacle est aussi pitoyable que révoltant. Les blessés se comptent par centaines. Les dégâts matériels sont innombrables. Et nous avons tous – ou presque tous – à l'esprit ces forces de l'ordre caillassées, forcées de s'abriter derrière leurs camions avec, au loin, des carcasses de métal en feu.

Les images parlent d'elles-mêmes. On y voit les agitateurs en première ligne lancer des projectiles en tous genres sur les policiers, gendarmes ou CRS qui subissent leurs assauts sans broncher jusqu'à ce que l'ordre de la riposte soit donné. Si certaines bavures existent et doivent être sanctionnées durement, on ne peut qu'admirer l'immense sang-froid dont ils font preuve alors qu'ils se retrouvent parfois recouverts d'excréments ou même en flammes – eh oui, nous en sommes là : dans l'immonde, dans l'inacceptable, les agresseurs allant jusqu'à peaufiner leurs cocktails Molotov pour que leurs victimes s'enflamment plus facilement et plus durablement. Et lorsque c'est un pavé projeté en pleine tête, c'est un gardien de la paix qui tombe, peut-être un père de famille – mais qu'importe pour ses agresseurs qui s'en donnent à cœur joie ! Leur rage destructrice les galvanise.

Bilan : les revendications légitimes des Français passent au second plan, quand elles ne deviennent pas inaudibles. Ce n'est plus de leur pouvoir d'achat ni de leur temps de cotisation pour avoir droit à une retraite que l'on parle, mais bien des black blocs, encore et toujours.

Face à ce constat, il faut faire le ménage ; il en est plus que temps. Non seulement parce que cette violence gangrène notre société en faisant de l'insurrection permanente et de l'hyperviolence le moyen d'expression de notre époque, mais aussi – et peut-être même surtout – parce que nous ne pouvons tolérer l'affront fait à nos forces de l'ordre.

S'il va de soi que les premiers coupables sont les délinquants et les agresseurs, ils ne sont pas les seuls responsables de cette situation. Il y en a d'autres : ceux qui excusent, ceux qui hésitent à condamner, ceux qui cherchent à disculper. Ceux-là ne sont rien d'autre que des complices.

Alors comment faire pour que cette commission d'enquête remplisse pleinement son rôle et ne relève pas seulement de l'affichage politique ? Comme si vous aviez peur des mots et de la réalité, vous parlez pudiquement de manifestants, sans jamais nommer les black blocs et l'extrême gauche, alors même que ces violences inouïes sont commises par des personnes qui, au moins pour certaines d'entre elles, s'en revendiquent ouvertement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion