Intervention de Max Dubois

Réunion du jeudi 13 avril 2023 à 15h30
Commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la constitution

Max Dubois, ancien conseiller spécial du ministre délégué chargé des outre-mer :

J'entends bien que vous visez les conséquences de l'esclavage, mais je me tiens à équidistance de l'identitaire et du politique. Je n'ai pas de compétences en matière identitaire. Je ne suis pas réunionnais, ni guyanais, même si je connais assez bien l'histoire de ces territoires. Vous savez que j'ai dirigé un très gros ouvrage sur le service militaire adapté : à cette occasion, j'ai interrogé beaucoup d'universitaires, qui ont écrit dans le livre, et j'ai pu mesurer alors les écarts identitaires.

Il y a de grandes différences d'un territoire à l'autre en la matière. La question de l'esclavage en Martinique et en Guadeloupe est importante. Les puissances d'argent actuelles, essentiellement en Martinique – il y en a moins en Guadeloupe – sont-elles les héritières du chaos humanitaire qu'était l'esclavage ? Très certainement, mais je n'ai pas de légitimité pour en parler, même si je suis consterné, comme je le suis par le non-lieu dans l'affaire du chlordécone, qui fait pleurer le profond républicain que je suis.

En revanche, La Réunion n'a pas du tout la même histoire. Il n'y avait pas d'habitants à La Réunion en 1604, c'était une île vierge. Des gens sont progressivement arrivés, puis on a commencé à aller chercher des esclaves à Madagascar et en Afrique de l'Est – dont est issue l'actuelle population des Cafres. Avec les grands mouvements, des gens sont venus de l'Inde musulmane – on les appelle aujourd'hui les Zarabes, une communauté puissante et noble – et les Chinois constituent aussi une communauté extrêmement importante.

En Guyane, les Hmong sont arrivés très récemment, alors que les Bushinengués sont le produit de l'esclavage. Quant aux Amérindiens, ils ont une histoire très particulière.

C'est pour cela que l'on parle « des » outre-mer. Sociologiquement, ce n'est pas la même construction.

J'ai dit que je me tenais à la même distance du politique. Celle-ci a son rôle, mais ce n'est pas le mien. Je fais de la politique non élective. Je respecte profondément tous les hommes politiques de tous les territoires d'outre-mer. Je suis content pour eux quand ils sont élus et tristes pour eux quand ils sont battus, mais je n'ai aucune intention de me présenter à quelque élection que ce soit. Je ne peux pas vous répondre autrement, et je vous prie de m'excuser si cela vous déçoit.

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