Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du jeudi 8 juin 2023 à 9h00
Abrogation du recul de l'âge de départ à la retraite — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, chers collègues, je n'ai cessé de le dire, je ne voulais pas de cette réforme. Soyons clairs, ce n'était pas le projet que je souhaitais. J'aurais aimé une réforme plus ambitieuse, plus audacieuse, qui aurait osé prendre à bras-le-corps les défauts structurels de notre système, une réforme sur laquelle on ne serait pas obligés de revenir dans trois ou quatre ans pour colmater les brèches, pour écluser les déficits. J'aurais préféré un autre projet, qui aurait d'abord procédé à certaines remises à plat en se penchant sur les régimes spéciaux, en introduisant une dose de capitalisation qui, bien calibrée, pourrait sauver notre régime par répartition, en fondant une politique nataliste digne de ce nom, en instaurant une véritable lutte contre les fraudes aux pensions versées à l'étranger, en prenant des mesures audacieuses sur la pénibilité et les fins de carrière, et j'en passe. Cela aurait été un préalable pour déterminer si, une fois toutes ces mesures prises, il était encore nécessaire d'allonger le temps de travail.

Ce n'est pas la réforme que vous avez choisie. Néanmoins, une réforme des retraites était indispensable et ceux qui prétendent le contraire vous mentent. Avec 340 milliards d'euros, les retraites constituent de très loin le premier poste de dépenses publiques. C'est aussi celui qui progresse le plus.

Votre réforme deviendra un symbole de l'échec présidentiel. Elle marque une véritable défaite politique de votre majorité. Elle incarne votre incapacité à convaincre de l'utilité, que dis-je, de la nécessité de réformer notre système à bout de souffle. Elle incarne également votre incroyable amateurisme qu'illustrent vos discours contradictoires sur les conséquences de la réforme pour les femmes, vos revirements sur la pension de 1 200 euros minimum, net puis brut, censée s'appliquer à « tout le monde », puis à 40 000 bénéficiaires et pour finir à « entre 10 000 et 20 000 ». Bravo pour la clarté ! Bravo pour les mensonges !

Comme beaucoup, j'ai regretté l'utilisation de l'article 49.3 par le Gouvernement. Ce recours entame, c'est sûr, la légitimité de cette réforme. Pour être tout à fait honnête, rappelons toutefois que, s'il n'y a pas eu de vote en première lecture, c'est à cause des députés de la NUPES, plus particulièrement de ceux de La France insoumise qui ont fait de l'obstruction parlementaire afin de nous empêcher d'arriver au terme de ce projet de loi.

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