Intervention de Manuel Bompard

Réunion du mardi 16 mai 2023 à 21h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaManuel Bompard :

La crise du logement représente un « risque de bombe économique, sociale et sociétale » affirment les représentants des six organismes immobiliers dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron ce lundi – et vous aussi, monsieur le ministre puisque vous revendiquez la paternité de cette expression. Tous les indicateurs sont au rouge : les ventes dans le neuf ont reculé de près de 25 % ; sur un an, le nombre de crédits immobiliers octroyés ont baissé de 40 %, selon la Banque de France ; à la fin de mars 2023, le nombre d'autorisations de nouveaux logements délivrés en un an a chuté de 11,5 %.

Selon la note d'exécution relative au programme 135 Urbanisme, territoires et amélioration de l'habitat, le faible niveau de consommation des crédits du Fonds national des aides à la pierre s'explique par les difficultés rencontrées dans le logement social : seuls 95 679 logements ont été agréés en 2022, un niveau très éloigné des objectifs, qui s'établissaient à 125 000. Je rappelle que, d'après Emmanuelle Cosse, il faudrait construire 150 000 logements sociaux par an, quand nous peinons à en programmer 95 000. À la mi-avril 2023, l'Union sociale pour l'habitat recensait 100 000 demandes de plus en un an ; elle a finalement révisé ses chiffres à 170 000. Le nombre total de ménages en attente d'un logement social s'élève à 2,4 millions. À Marseille, il faut en moyenne huit ans pour obtenir un logement social ; il en faut quatre au niveau national.

Malheureusement, vous ne faites rien pour répondre à cette situation : c'est la faute des élus locaux, du covid, de tout le monde, mais jamais de la vôtre. Pourtant, les conclusions du Conseil national de la refondation ont été reportées d'un mois. Emmanuel Macron parle d'une nouvelle concertation mais les acteurs du secteur ne sont pas dupes. Loïc Cantin, le président de la Fédération nationale de l'immobilier, déclare, lucide : « Nous savons que nous ne serons pas entendus. » Jusqu'à quand continuerez-vous de faire la sourde oreille et d'organiser la crise du logement en France ?

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