Intervention de Gérald Darmanin

Séance en hémicycle du mardi 31 octobre 2023 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2024 — Mission sécurités (état b)

Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer :

L'État finance déjà un quart des dépenses liées à l'exercice des compétences décentralisées. Faut-il qu'il achète en sus des CCF qu'il mettrait à disposition au niveau zonal, se substituant ainsi aux départements qui ne font pas leur travail, quand bien même ils disposeraient de l'argent nécessaire ? Nous risquons de créer des doublons, ce qui serait selon moi très négatif. Vous n'allez pas au bout de votre raisonnement : vous ne dites pas que vous n'êtes pas favorable à ce que l'on confie aux élus locaux une compétence décentralisée en matière de sécurité civile.

Le modèle français de sécurité civile est très bon. L'État s'occupe du statut des sapeurs-pompiers et de la stratégie de gestion de crise, qui comprend plusieurs volets, notamment l'alerte météo et la coordination des moyens. Celle-ci se fait au niveau zonal et porte sur les Formisc, qui sont des effectifs au sol. En cas de problème, le préfet de zone peut en outre déplacer, sans avoir besoin de l'autorisation des élus, les effectifs et le matériel des Sdis d'un endroit à un autre, par exemple du Vaucluse à la Gironde. L'État s'occupe aussi des moyens aériens, car il est nécessaire de les mutualiser.

Si votre discours consiste à dire que l'État doit reprendre la main en la matière compte tenu de l'importance de la question, vous vous livrez en réalité à une critique de la décentralisation. Cela peut s'entendre dans un débat démocratique, mais le modèle que vous défendez n'est pas celui que nous avons choisi il y a plus de trente ans ; il est très éloigné de la manière dont nous fonctionnons.

Nous pouvons être fiers de notre modèle de sécurité civile, fondé sur le volontariat et sur la décentralisation, qui garantit dans le même temps l'unité des interventions sur le territoire national. Il ne fonctionne pas si mal que cela, et d'autres pays s'en inspirent. Ministre de l'intérieur depuis un peu plus de trois ans, je suis très fier de recevoir régulièrement des homologues étrangers qui s'intéressent à un modèle jugé très efficace. Les Australiens, qui font face à des mégafeux et sont soumis à des conditions climatiques extraordinaires par rapport aux nôtres, l'ont même copié. Il n'est pas parfait, et nous l'améliorons. Sans doute faut-il y consacrer des moyens supplémentaires, comme nous l'avons évoqué, mais je ne suis pas sûr qu'il faille recentraliser ; faisons confiance aux élus locaux. Mon avis est défavorable.

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