Intervention de Sébastien Delogu

Réunion du mardi 20 septembre 2022 à 17h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Delogu :

Monsieur le ministre vous venez de dire que vous étiez le ministre de toutes les vulnérabilités. Je tiens à vous alerter à propos de la pauvreté qui ravage ma ville de Marseille, où les gens sont à bout de souffle. Pendant ce temps, vous et le gouvernement auquel vous appartenez détournez le regard – et plus encore, puisque vous commencez à parler d'une réforme du RSA.

J'y suis fermement opposé, pour deux raisons. Premièrement, dans le département des Bouches-du-Rhône, dont je suis élu, les chiffres sont clairs : 80 000 RSA sont versés chaque mois et près de 170 000 personnes sont couvertes – un RSA fait vivre deux personnes. Ce chiffre est en augmentation de 12 %, ce qui démontre d'ailleurs une réalité que vous faites semblant de ne pas voir, puisque la pauvreté explose dans les pas de votre politique. L'âge moyen des bénéficiaires est de 41 ans et 40 % des bénéficiaires ont plus de 45 ans. Votre réforme revient donc à proposer à des hommes et des femmes de 40 ans et plus, qui ont souvent connu des accidents de la vie et vivent dans des conditions précaires, de retourner au travail en étant payés la moitié du salaire minimum. C'est une humiliation, et une humiliation de trop. Où est, là-dedans, la notion de solidarité ?

La seconde raison est de principe. En effet, depuis que je suis en âge de suivre la vie politique, c'est toujours pareil : les uns après les autres, vous rajoutez une couche à chaque fois et, au lieu de vous attaquer à la pauvreté, vous vous attaquez aux pauvres. Résultat : moins de solidarité, plus de flicage social, plus de fracture sociale et, surtout, toujours plus de misère. Il faut repenser les politiques de solidarité et d'insertion sous l'angle de l'utilité sociale et de l'emploi, et arrêter d'opposer les gens entre eux. L'État est responsable du mauvais accompagnement vers l'emploi, alors que c'est inscrit dans la loi.

Monsieur le ministre, quand allez-vous enfin arrêter de diviser les Français entre eux ? Quand allez-vous enfin arrêter de croire que c'est en affamant ou en humiliant ceux qui sont privés d'emploi qu'on retournera vers l'insertion ?

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