Intervention de le général Thierry Burkhard

Réunion du mercredi 31 janvier 2024 à 10h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

le général Thierry Burkhard :

Un article de journal n'est pas une position officielle de la France. Le simple fait d'annoncer des décisions contrevient au principe selon lequel nous veillons à dialoguer avec nos partenaires. Quoi qu'il en soit, les journalistes publient les informations qu'ils recueillent et recoupent, et nous devons faire avec.

Réduire notre visibilité et notre empreinte exigera probablement de réduire les effectifs. Toutefois, il faut se garder de toute approche simpliste. Certains effectifs sont déployés en permanence. Ils sont composés de militaires installés sur place avec leurs familles pour un an ou deux, et de gens qui se relaient tous les quatre mois. Les uns et les autres n'entretiennent pas avec le pays d'accueil la même relation, tant s'en faut, mais tous participent à notre présence permanente.

Par ailleurs, des effectifs sont déployés ponctuellement, notamment dans le cadre des DIO, dont certains sont réalisés à partir de nos bases du Sénégal et du Gabon. Si demain les effectifs des DIO viennent de France, il est probable que leur effet sur le terrain et la perception qu'en auront nos partenaires seront assez similaires à ce qu'ils sont aujourd'hui, mais notre visibilité ainsi que notre empreinte seront différentes.

Je cherche donc à éviter une approche par les moyens, pour privilégier une approche par les effets. Dire à nos partenaires que nous serons demain dix fois moins nombreux qu'aujourd'hui ou leur dire que nous nous organiserons pour produire des effets répondant à leurs besoins, ce n'est pas la même chose.

La réduction des effectifs déployés en permanence est possible, elle ne doit pas avoir d'effets trop importants sur notre efficacité ou notre réactivité. En ce qui concerne la création de bases communes avec les Américains ou d'autres : mutualiser les bases est souhaitable si nous voulons réduire notre visibilité tout en conservant le minimum d'empreinte nécessaire pour maintenir ouverts nos accès.

Nous avons des bases au Sénégal, au Tchad, en Côte d'Ivoire et au Gabon. Elles sont installées dans les capitales, et même parfois enclavées dans des aires urbaines en expansion. Leur empreinte et leur visibilité sont devenues difficiles à gérer. Nous devrons sans doute modifier notre schéma d'implantation pour réduire nos vulnérabilités (« moins posé, moins exposé »). Si nous pouvons le faire avec des alliés, tant mieux.

En matière de lutte contre le terrorisme, nous ne pouvons pas tourner le dos à ces pays et les laisser se débrouiller sans en subir les conséquences. Il faut conserver une approche réaliste et une vision stratégique à long terme.

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