Si je ne suis pas un spécialiste des risques naturels, je peux vous faire part de mon expérience dans le cadre de mes fonctions depuis septembre 2021 concernant ce sujet. Je dépends en effet du ministre de l'Europe et des affaires étrangères et du ministre des outre-mer, avec la mission d'accompagner l'action internationale et la coopération régionale des collectivités françaises des Amériques, à savoir la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon. Mon rôle est aussi d'accompagner l'action des services de l'État, présents dans les territoires, en lien avec notre réseau diplomatique dans la région.
Je ne saurais prétendre à une vision globale de la gestion des risques naturels pour l'ensemble de nos territoires, mais je les aborderai par deux prismes. Le premier est celui de la conférence de coopération régionale Antilles-Guyane, que je suis chargé d'organiser et d'animer chaque année. Les risques naturels et la coopération régionale ont constitué l'un des thèmes de la conférence qui s'est tenue en Guadeloupe en mars dernier. C'était alors la première fois que nous reprenions, après la période covid, les conférences de coopération régionale, après trois ans et demi d'interruption.
Le second prisme se rapporte aux relations avec la Communauté des Caraïbes (Caricom, pour Caribbean Community). Dans une seconde partie de mon intervention, j'évoquerai nos projets pour signer un accord de coopération avec l'agence des risques naturels de la Caricom.
La conférence de coopération régionale, en mars dernier, comportait une session sur le thème de l'environnement, avec une sous-session sur les risques naturels, dans le but de réaliser un point précis sur l'état de la coopération régionale au sortir de la période covid.
Schématiquement, si un État ou un territoire de la région est touché par une catastrophe naturelle, nous pouvons distinguer, du côté français, trois niveaux d'intervention possibles : d'une part, les forces armées, qui disposent des moyens d'intervenir de manière immédiate sur le terrain ; d'autre part, l'état-major interministériel de la zone Antilles (EMIZA), qui regroupe les moyens de sécurité civile, sous l'autorité du préfet de la Martinique ; enfin, la Pirac, coordonnée par la Croix-Rouge française.
Lors de la conférence, le responsable de l'EMIZA – le lieutenant-colonel Nisslé, à l'époque – a proposé une intervention. Il en ressortait qu'un certain nombre d'opérations avaient eu lieu après le covid. Nous pouvons notamment citer une éruption volcanique à Saint-Vincent, qui a mobilisé un certain nombre de moyens des pays et organisations de la région, dont la France. Des ouragans ont également touché, ces dernières années, la région de Sainte-Lucie et de la Dominique. Des recherches de randonneurs égarés ont également dû être organisées en Dominique – en l'occurrence, ces opérations ne relevaient pas de la gestion des risques naturels, mais elles font partie des missions de la sécurité civile.
Pour les opérations dans lesquelles il est mobilisé, l'Emiza est en rapport avec les États de la région et avec les organisations régionales, comme l'organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO), qui regroupe les États des Petites Antilles, autour de la Martinique et de la Guadeloupe, et la Caricom.
Pour l'Emiza, l'enjeu consiste aujourd'hui à continuer de renforcer ces liens opérationnels. Il est important de favoriser un fonctionnement en réseau, sur la base d'une connaissance et d'une confiance mutuelle entre les acteurs. Si l'on veut répondre aux risques et aux catastrophes naturels dans la région, avec ce que cette réponse suppose de coordination et d'efficacité, ce travail opérationnel de contact est primordial. À mon avis, ces liens de coopération anciens fonctionnent.
Nous avons souhaité aller plus loin sur le plan diplomatique, avec la Caricom. La Caricom intègre en effet une agence des risques naturels, la Caribbean Disaster Emergency Management Agency (CDEMA). Avec la Caricom, on quitte l'environnement proche des Petites Antilles, pour passer à l'ensemble de la Caraïbe Sud. La CDEMA regroupe une vingtaine d'États et de territoires membres de la Caricom.
Nous avions préparé un accord de coopération avant la période covid. Les démarches n'ont pas progressé pendant le covid. Elles ont ensuite été relancées au niveau politique, notamment par l'intermédiaire de l'ambassadeur de France au Suriname, compétent auprès de la Caricom, implantée à Georgetown. Nous avons cependant rencontré une difficulté, dans la mesure où, selon les règles de la Caricom, il revenait à la CDEMA de signer l'accord en question avec la France et l'ensemble des États et territoires. Or il n'a pas été possible de mobiliser dans ce but la vingtaine d'États et de territoires que j'ai évoquée.
Notre ambassadeur a donc proposé à la secrétaire générale de la Caricom la signature directe d'un accord entre la France et la CDEMA. Cet accord nous permettra de formaliser et de structurer les coopérations au niveau de la région, mais aussi de favoriser une connaissance mutuelle et une réflexion d'ensemble sur la gestion des risques naturels. Nous souhaitons vraiment signer cet accord aussi tôt que possible.
Outre ces sujets, je suis également disposé à aborder le thème des sargasses. Il n'entre pas dans le domaine des catastrophes naturelles, mais relève bien des risques naturels. C'est un sujet que nous avions également abordé durant la dernière conférence de coopération régionale Antilles-Guyane.