Les sargasses sont des algues bien connues dans les Caraïbes – on peut songer évidemment à la mer des Sargasses. Nous faisons face à un phénomène très inquiétant de prolifération, depuis 2011. Les échouements de sargasses touchent l'ensemble de la Caraïbe par l'est. La Martinique, la Guadeloupe, Saint-Barthélemy et Saint-Martin sont concernés – la Guyane reste pour sa part relativement épargnée.
La France a organisé en 2019 une conférence internationale sur les sargasses, avec la Guadeloupe. Cet événement, coorganisé entre l'État et la région, avait réuni entre 700 et 800 personnes. En 2021-2022, une initiative internationale sur les sargasses a été lancée, pour mobiliser les acteurs régionaux et internationaux.
Aujourd'hui, l'Atlantique fait face à une masse énorme de sargasses. Des réservoirs de sargasses sont présents à l'embouchure de grands fleuves, comme le Mississippi, le Congo et l'Amazonie. Le phénomène ne constitue donc pas un problème caribéen stricto sensu.
Cette initiative, coorganisée entre l'État et la région Guadeloupe a été lancée le 2 décembre dernier, dans le cadre de la conférence de Dubaï de 2023 sur les changements climatiques (COP28), par le ministère délégué chargé des outre-mer et la vice-présidente du conseil régional de la Guadeloupe.
Il manque encore, en droit international, une définition des sargasses. Si l'on souhaite une action commune pour faire face au phénomène, il convient de pouvoir s'appuyer sur une définition partagée. Je pense qu'il est indéniable que les sargasses constituent un risque naturel. Pour autant, les échouements de sargasses doivent-ils être envisagés comme une pollution marine ou comme des déchets ? Les sargasses doivent-elles être appréhendées comme une espèce invasive ? Les possibilités sont multiples, et je pense qu'on proposera, dans notre initiative internationale, une définition aussi consensuelle que possible en droit international.
L'enjeu est d'avancer sur ce sujet, qui comporte une dimension régionale, à envisager au travers de la convention de Carthagène pour la protection et la mise en valeur du milieu marin dans la région des Caraïbes, et une dimension multilatérale, avec l'intention de présenter un plan au niveau de la conférence des Nations Unies sur l'océan, qui se tiendra à Nice en juin 2025.