Intervention de François Beauducel

Réunion du jeudi 29 février 2024 à 14h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

François Beauducel, ancien directeur par intérim de l'Observatoire volcanologique et sismologique de Martinique :

Au-delà des risques météorologiques, il existe trois grands types de risques telluriques aux Antilles : les éruptions volcaniques, les séismes et les tsunamis. Ces éruptions volcaniques sont liées à une quinzaine de volcans actifs aux Antilles, dont la Montagne Pelée en Martinique et la Soufrière en Guadeloupe. La Montagne Pelée a connu une éruption magmatique en 1902, qui a occasionné 29 000 morts. Ce risque est donc relativement présent.

Ensuite, la période historique a connu neuf séismes majeurs, notamment celui de 1939, qui a détruit Fort-de-France et provoqué des centaines de morts. Le séisme de 1843 a quant à lui détruit Pointe-à-Pitre et engendré 3 000 morts environ. D'autres séismes plus modérés doivent également être mentionnés : le séisme de 2004 aux Saintes en Guadeloupe, et plus récemment, celui de 2007 en Martinique, qui a provoqué des dégâts modérés, mais a surtout engendré une panique. Ce risque est donc également très présent. Il est lié à deux grands types de séismes : les séismes de subduction, qui se produisent moins fréquemment, mais peuvent être extrêmement dévastateurs ; mais aussi séismes plus superficiels qui peuvent générer des dégâts plus localisés lorsque l'épicentre est proche des populations.

Enfin, le dernier risque théorique porte sur les tsunamis. Bien qu'il ne soit pas très élevé dans les Petites Antilles, environ vingt-cinq tsunamis ont été recensés dans les Petites Antilles, dans la période historique. J'en citerai trois : le séisme des îles Vierges de 1867, qui a entraîné une vague de dix mètres à Sainte-Rose en Guadeloupe ; l'éruption continue de Montserrat, entre 1995 et 2010, qui a produit des vagues de deux mètres et des dégâts légers ; et enfin la menace constante d'un volcan sous-marin à l'ouest de Grenade, qui produit des éruptions quasiment tous les dix ans. Ce dernier représente une menace potentielle de tsunami d'origine volcanique.

Vous m'avez également interrogé sur la particularité des Petites Antilles et du territoire français en termes de vulnérabilité. Cette vulnérabilité est finalement « multirisque ». Différents points affectent tous les aléas. Il s'agit de l'insularité et des problèmes d'évacuation qu'elle suscite ; des infrastructures et du facteur humain. L'Institut de Physique du Globe de Paris a ainsi relevé une méconnaissance généralisée des procédures d'évacuation. Il faut ensuite mentionner une méfiance vis-à-vis du pouvoir central, et des comportements relativement instinctifs, par exemple lorsque des ordres d'évacuation sont transmis pour le risque volcanique. Enfin, je souligne le risque lié à la forte densité de population en Guadeloupe et en Martinique, car ces îles concentrent une densité de population au kilomètre carré deux à trois supérieure à celle de l'Hexagone.

En conclusion, je terminerai en insistant sur la vulnérabilité potentielle en raison de cascades d'aléas, par exemple la survenance d'un séisme ou d'une éruption volcanique en même temps qu'un événement climatique. Si cette cascade d'aléas intervient, la situation sera compliquée. Enfin, s'agissant du risque tellurique, nous pouvons tout à fait envisager un séisme et une éruption volcanique simultanée suivis d'un tsunami, puisque les tsunamis sont générés par l'un de ces deux aléas.

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