Intervention de Franck Appietto

Réunion du jeudi 29 février 2024 à 15h15
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Franck Appietto, directeur général de C8 :

Comme vous l'avez dit, je suis un homme de terrain : j'ai commencé dans un coin, sur un tabouret, non dans un fauteuil de direction.

Je suis aussi un homme de contenus, et tout se passe très bien avec les gens d'autres horizons car nous sommes complémentaires. Cela me permet d'être fortement impliqué auprès de tous les producteurs. Nous diffusons donc sept heures de programmes inédits : cinq heures aux heures de grande écoute et deux heures la nuit. Les directs remplissent en partie ce quota, mais nous devons aussi produire un très grand nombre de magazines et de documentaires puisque, selon le décompte de l'Arcom, n'est considérée comme un programme inédit que la première diffusion.

Je m'implique beaucoup dans les contenus, en vue de proposer la meilleure narration possible. J'ai des marottes, notamment en histoire – je suis spécialiste d'Égypte antique. Le fait d'avoir pratiqué tous les métiers me permet de lire exactement un budget : selon le thème et le tournage d'un projet, je peux évaluer le nombre d'heures que nous passerons en postproduction ou en mixage. À ce titre, je participe à de nombreuses réunions avec nos collaborateurs et je m'engage pour que mon équipe s'implique et évolue.

Nous avons fait de l'inédit une force. Aucune équipe n'est plus heureuse que celle de C8 : la programmation est si riche et si diverse que nous n'avons pas de temps pour la routine. C'est aussi ce qui fait l'attractivité de notre travail au quotidien.

La définition de l'inédit me semble toutefois un peu injuste : malgré un statut et des structures similaires à ceux des chaînes concurrentes – TMC, W9, etc. –, nous sommes obligés de produire, donc d'investir, trois fois plus, ce qui a des conséquences sur la potentielle rentabilité de la chaîne.

J'en viens au risque du direct. En 2012, « Le Grand 8 » a été lancé dans une autre configuration, sous la forme d'une émission enregistrée. J'avais beau piloter l'émission, nous n'y arrivions pas : nous n'avions pas le ton et l'édito était en rupture avec l'ambiance de l'émission – une émission est une machine qui se règle au millimètre près. Le direct provoque chez les talents à l'antenne et dans l'équipe technique une adrénaline que l'on ne retrouve pas lorsque l'on enregistre les émissions. Avec Ara Aprikian, nous avons pris la décision que « Le Grand 8 » serait diffusé en direct.

Cyril Hanouna, dont j'imagine que nous allons beaucoup parler, a un rythme naturel très rapide et plusieurs passions. Non seulement il anime « Touche pas à mon poste ! » (TPMP), une quotidienne très longue, mais il produit aussi « PAF », l'émission de Pascale de La Tour du Pin, qui nécessite une équipe nombreuse et un temps important de préparation. Cela lui permet d'interpeller sa base de fans ou fanbase, par le biais des réseaux sociaux, et de recevoir des appréciations sur les émissions. Il arrive que le minutage prévu en début de journée soit modifié si les téléspectateurs s'ennuient. Des invités sont ainsi fréquemment restés dans le couloir et des divertissements laissés de côté durant toute la durée de l'émission.

Le direct est très important pour nous en tant qu'il nous met en lien avec les téléspectateurs. Oui, c'est une prise de risque. Nous sommes évidemment organisés pour essayer de ne pas connaître de difficultés à l'antenne, mais le direct crée la fulgurance. Une phrase suffit à ce que les choses basculent.

Deux personnes sont constamment présentes en régie – Alexandre Israël, le directeur des flux, secondé par Pauline Charmes – ainsi que deux personnes de la conformité. En amont, des vérifications sont faites pour imposer des pictogrammes lorsque c'est nécessaire. Vincent Pujol, directeur des programmes, et moi-même pouvons également être présents en régie. La diffusion est donc très encadrée, mais, du fait du direct, il y a des choses que nous ne pouvons pas anticiper, qui créent une difficulté à l'antenne.

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