Intervention de le lieutenant-colonel Daniel Polinacci

Réunion du lundi 4 mars 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

le lieutenant-colonel Daniel Polinacci, chef de l'état-major interministériel de la zone Antilles, État-major interministériel de la zone de défense et de sécurité des Antilles (Emiza) :

L'Emiza, placé sous autorité directe de M. le préfet de zone, existe depuis l'an 2000. Il est chargé de la sécurité civile de la zone Antilles, qui comprend les territoires de la Martinique, de la Guadeloupe et des deux « îles du Nord », Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

Il est composé de sept agents qui assurent une astreinte et une veille opérationnelles permanentes afin de renseigner les autorités zonales, mais aussi l'ensemble des services de secours, et, au niveau national, la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des autorités zonales. L'Emiza doit aussi coordonner l'emploi des moyens nationaux prépositionnés pour l'ensemble de la zone, ce qui inclut notamment deux hélicoptères de la sécurité civile, le groupement d'intervention du déminage (GID), qui est localisé en Guadeloupe, et le stock de la réserve nationale, implanté à la Martinique et en Guadeloupe. Cette proximité de la réserve nationale et des forces armées aux Antilles en fait des partenaires opérationnels incontournables en situation de crise majeure, en particulier face aux risques naturels.

La première mission de l'Emiza est de coordonner la gestion des risques majeurs naturels en Martinique. Dès lors qu'un phénomène majeur impacte ou menace d'impacter la zone Antilles, l'Emiza, sur décision de l'autorité préfectorale, peut mettre en place, 24 heures sur 24, un centre opérationnel zonal, qui associera ses sept agents et tous les représentants des services de l'État susceptibles de concourir à la gestion de la crise, pour, dans un premier temps, recueillir des informations sur les territoires impactés ou susceptibles de l'être, estimer la situation et son évolution, et proposer des solutions opérationnelles. Dans un deuxième temps, l'Emiza doit mettre en œuvre la stratégie opérationnelle adoptée par l'autorité préfectorale de zone en concertation avec les préfets des territoires concernés et la Direction générale de la sécurité civile, en mobilisant et coordonnant les moyens à sa disposition. Les moyens intrazonaux devront souvent être redéployés d'un territoire à un autre : de la Martinique vers la Guadeloupe, ou de la Guadeloupe vers les îles du Nord, etc., et des moyens extrazonaux pourront également être mobilisés de la Guyane, située à 1 500 kilomètres, de la métropole, voire du dispositif de protection civile de l'Union européenne. La coordination de ces moyens implique des problématiques de réception des détachements, de gestion des flux, de logistique, etc. Les effectifs du centre opérationnel de l'Emiza devront alors être rapidement renforcés.

La deuxième mission de l'Emiza est de participer à la préparation opérationnelle des services d'incendie et de secours de la Martinique, de la Guadeloupe et des îles du Nord, et des services interministériels de défense et de protection civile (SIDPC). En 2023-2024, avec le service d'incendie et de secours de la Martinique, nous avons par exemple coorganisé la formation des chefs d'équipes de sapeurs-pompiers à l'intervention à bord de navires et de bateaux. Organisée en Martinique au profit des zones Antilles et Guyane, cette formation était assurée par le bataillon des marins-pompiers de Marseille.

Actuellement, l'Emiza organise également une formation à la gestion de crise de niveau départemental, à destination des services d'incendie et de secours, mais également des gestionnaires de crise des préfectures et des états-majors de zone, des Antilles comme de Guyane. Elle est assurée par les formateurs de l'école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers d'Aix-en-Provence, en partenariat avec l'école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp) et la Direction de la sécurité civile.

Enfin, nous suivons le « pacte capacitaire » mis en place par la Direction générale de la sécurité civile pour faire cofinancer par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) et les collectivités territoriales la mise à disposition des services d'incendie et de secours de matériel essentiel pour répondre aux risques majeurs et émergents. Initié l'an dernier, ce pacte capacitaire est bien engagé s'agissant des risques de feu dans les espaces naturels, des risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques, et des moyens requis pour intervenir sur les navires et bateaux. Les travaux se poursuivent cette année et, dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (Lopmi), devraient permettre d'augmenter significativement les capacités matérielles des SIS de la Martinique, de la Guadeloupe et des îles du Nord.

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