Intervention de Dominique Faure

Séance en hémicycle du jeudi 28 mars 2024 à 9h00
Discussion des articles — Discussion générale

Dominique Faure, ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité :

Cette journée, comme celle de la fusillade de la rue d'Isly du 26 mars 1962 que le Président de la République française a qualifiée de « massacre impardonnable pour la République » et celle du 5 juillet 1962 à Oran où des centaines d'Européens, essentiellement des Français, furent massacrés, figure parmi les plus tragiques de l'histoire de la guerre d'Algérie. Elles marquent la mémoire tragique et douloureuse que nous en gardons collectivement.

Parce qu'aucun déni ne grandit la République, nous devons accepter de regarder ces événements en face, avec lucidité.

Nos plus hautes autorités ont qualifié ce qui s'est passé cette nuit du 17 octobre 1961 : en 2012, le président Hollande parle de « sanglante répression » ; le 17 octobre 2021, soixante ans après les faits, le président de la République Emmanuel Macron observe une minute de silence sur le pont de Bezons à la mémoire des victimes des « crimes inexcusables pour la République » alors commis sous l'autorité de Maurice Papon.

Nous comprenons donc l'intention qui vous pousse à déposer aujourd'hui cette proposition de résolution.

Revenons un instant, si vous le permettez, sur ce qui s'est passé concrètement ce jour-là. Je crois que revenir sur les faits nous aide, d'année en année, à affronter la réalité de ce que furent ces moments tragiques de notre histoire nationale.

Le 5 octobre 1961, un couvre-feu est imposé aux Français musulmans d'Algérie, leur interdisant de circuler dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne entre vingt heures trente et cinq heures trente du matin. Le 17 octobre, une manifestation pacifique est organisée à Paris par le FLN pour protester contre ce couvre-feu. Dans la soirée, plus de 25 000 hommes, femmes et enfants se rassemblent pour participer à cette manifestation.

La préfecture de police met en place un dispositif de sécurisation en répartissant près de 10 000 policiers dans différents points de la capitale. Ce soir-là, près de 12 000 personnes sont arrêtées et transférées au stade de Coubertin et au Palais des sports, réquisitionnés pour la circonstance. Nombre d'entre elles furent blessées, plusieurs dizaines furent tuées et leurs corps jetés dans la Seine. Ayons aujourd'hui une pensée pour ces victimes et leurs familles, frappées de plein fouet par l'engrenage de la violence.

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