Intervention de Manon Meunier

Réunion du mardi 26 mars 2024 à 16h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaManon Meunier :

En un siècle, nous sommes passés de quatre millions à quatre cent mille exploitations agricoles. Ce n'est pas un phénomène du passé : nous avons encore perdu cent mille exploitations agricoles au cours des dix dernières années, soit dix mille par an, deux cents par semaine, trente par jour. « La faute à pas de chance » ? Non ! Ces chiffres sont le résultat d'une véritable politique de casse de l'exploitation agricole familiale au bénéfice de l'agro-industrie. Réforme après réforme, les politiques ont accompagné l'agriculture paysanne dans sa chute. Course à l'agrandissement, compétitivité internationale et spéculation sur les terres agricoles : l'agriculture, pour Emmanuel Macron, est avant tout du business. Ces derniers mois, alors que l'inflation a atteint des taux records, les agriculteurs ont été parmi ceux qui ont pris le plus cher : augmentation des prix de l'énergie, les prix du pétrole, des engrais et de l'électricité ont explosé et, avec eux, le coût de revient des produits agricoles.

Les prix payés aux producteurs par l'agro-industrie et la grande distribution ont-ils augmenté en conséquence ? Non ! Lactalis peine à augmenter d'un ou deux centimes le litre de lait payé aux agriculteurs pour atteindre 42 centimes, un prix bien inférieur aux besoins des éleveurs. Mais Lactalis peine beaucoup moins, en revanche, pour engranger des centaines de millions d'euros de profit et devenir ainsi le leader français de l'agroalimentaire. Ni votre loi Egalim 1, ni votre loi Egalim 2, ni votre loi Egalim 3 n'auront permis de protéger les agriculteurs face à ce grand détournement financier.

Très logiquement, la colère du monde agricole, qui couvait depuis des années déjà, a donc explosé. Les agriculteurs et agricultrices demandent simplement à pouvoir vivre de leur travail et l'une des revendications fortes du monde agricole est l'instauration de prix planchers, afin d'assurer aux agriculteurs une juste rémunération face à l'agro-industrie et à la grande distribution pendant les négociations. Nous avions défendu en novembre dernier, avec mes camarades de La France insoumise Manuel Bompard et Aurélie Trouvé, cette proposition dans notre niche parlementaire, mais les députés macronistes ont obéi aux injonctions du ministre Fesneau et ont fait tomber ce texte. Depuis, c'est la cacophonie générale au Gouvernement : alors qu'il y a encore six mois, Marc Fesneau qualifiait les prix planchers de « soviétiques », voilà qu'Emmanuel Macron annonce sa volonté de fixer des prix planchers pour les agriculteurs.

Je vous invite à remercier avec moi notre collègue Marie Pochon, car son texte est l'occasion de faire tenir, pour une fois, ses promesses à Emmanuel Macron en inscrivant dans la loi le mécanisme de fixation des prix planchers, si importants pour le monde agricole.

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