Intervention de Élise Leboucher

Réunion du mercredi 27 mars 2024 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlise Leboucher :

Chaque jour nous rapproche un peu plus de l'année 2030, date butoir fixée pour la réalisation des objectifs de développement durable. Chaque jour, nous prenons la mesure que, si nous n'intensifions pas nos efforts, nous ne serons pas au rendez-vous. Dans un récent rapport, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sonnait l'alerte. L'indice de développement humain est en quasi-stagnation mais, surtout, les inégalités entre les pays riches et les pays pauvres ne cessent de se creuser. Les crises économiques, l'inflation mais aussi les politiques néolibérales réclamées par le Fonds monétaire international ou le remboursement d'intérêts bien trop élevés sont, pour les pays en voie de développement, autant d'obstacles aux investissements dans les services publics, l'éducation, la santé, l'égalité femmes-hommes.

Alors que la situation appelle d'urgence un engagement renouvelé pour la solidarité internationale, le gouvernement français nous offre un double discours. D'un côté, lors des sommets internationaux, nous tenons celui d'une France engagée pour accompagner les pays en voie de développement et établir une réforme en profondeur du système financier mondial. D'un autre côté, nous constatons les renoncements à la loi de 2021 et le report de l'atteinte de l'objectif de 0,7 % du revenu national brut consacré à l'aide publique au développement.

Récemment, les ministres Bruno Le Maire et Thomas Cazenave ont annoncé une véritable cure austéritaire pour 2024. L'aide publique au développement fait particulièrement les frais de ce coup de rabot : 13,5 % de son budget, soit 742 millions d'euros, lui seraient retirés. Monsieur le directeur général, pouvez-vous nous indiquer les conséquences concrètes de cette coupe budgétaire pour votre agence ? Allez-vous devoir dépendre encore davantage de bailleurs tiers externes à l'État ? Allez-vous être obligé de réduire votre effectif ? Les ministres ont en outre déclaré que d'autres réductions de dépenses seraient nécessaires, c'est-à-dire 20 milliards d'euros en 2025, soit le double de celles envisagées pour 2024. Quel sera impact de cette décision sur votre agence ?

Ensuite, je souhaite vous interroger sur l'activité d'Expertise France en Afrique. Nous critiquons régulièrement la stratégie de l'aide publique au développement française consistant à s'appuyer sur des prêts, ce qui incite les opérateurs de l'APD, dont l'Agence française de développement, à investir dans des pays à revenu intermédiaire et dans des secteurs considérés profitables, au détriment des pays moins avancés. Quels sont les critères retenus par Expertise France pour choisir les terrains d'action et propositions d'intervention en Afrique ? Enfin, pouvez-vous revenir sur les conséquences de la suspension de l'APD bilatérale française pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger ? Pouvez-vous notamment nous indiquer comment les ressources financières et les personnels ont été redéployés et vers quels projets ?

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