Intervention de Rima Abdul-Malak

Réunion du jeudi 28 mars 2024 à 13h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Rima Abdul-Malak, ancienne ministre de la culture :

Le contexte est essentiel, en effet. Au moment où je suis nommée ministre en mai 2022, le sujet de la concentration des médias et de son impact sur la démocratie occupe largement les débats parlementaires. Quelques mois avant, il y a eu une commission d'enquête au Sénat sur ce sujet. Vivendi avait lancé son offre publique d'achat (OPA) pour prendre le contrôle de Lagardère. Plusieurs mois auparavant, il y avait eu des turbulences à Europe 1 : l'OPA se préparait déjà, des animateurs et des journalistes emblématiques étaient partis, les journalistes s'inquiétaient, des manifestations de l'intersyndicale et de la société des rédacteurs ont eu lieu ; ils disaient tous craindre « l'emprise croissance de Vincent Bolloré ». Au cours de l'été qui a suivi ma nomination, une nouvelle crise survient à Paris Match, avec la une sur le cardinal Sarah qui provoque des protestations de la société des journalistes puis le départ de Bruno Jeudy visiblement licencié à la suite de ces événements. Une motion de défiance contre la direction est votée par 97 % de la rédaction.

Il est évident qu'à la rentrée, où que j'aille, on me demande ce que je pense des événements des mois précédents, puisque cela occupe l'actualité et que cela crée un émoi. La première fois que je suis interrogée, c'est dans l'émission « Quotidien », sur TMC, en septembre.

L'automne apporte son lot de nouveaux dérapages dans l'émission « Touche pas à mon poste ! » (TPMP) de Cyril Hanouna, sur C8 : le 5 octobre, les insultes à l'encontre d'Anne Hidalgo ; le 18 octobre, les propos de Cyril Hanouna concernant le meurtre de la jeune Lola ; le 10 novembre, ce que l'on appelle désormais l'affaire Louis Boyard, qui crée beaucoup d'émotion.

Au mois de décembre, je suis interviewée par Le Parisien. J'ai toujours pris soin de bien préciser les rôles de chacun et notamment de l'Arcom – je l'ai vérifié avant de venir vous répondre. Le journaliste du Parisien me demande si je crois l'Arcom impuissante et ce que je pense de cette succession de dérapages. Vous noterez qu'à chaque fois, je n'ai fait que répondre aux journalistes : je n'ai jamais fait de tribune, ni même de tweet ; je n'ai pas pris la parole spontanément pour donner mon avis.

Voici ce que je dis au Parisien-Aujourd'hui en France : « L'Arcom dispose déjà d'une large palette de sanctions pour agir, définie par la loi, qui vont de l'amende au retrait d'autorisation de la chaîne, en passant par la suspension du programme. Faut-il renforcer encore ce cadre ? Les états généraux du droit à l'information permettront de discuter d'éventuelles évolutions législatives. C8 a déjà été sanctionnée. Quand Cyril Hanouna insulte un invité de son émission, qu'il soit élu ou non, quand il appelle à une justice expéditive dans l'affaire Lola, c'est à la justice et à l'Arcom de se prononcer. Mais ce sont des processus longs ; le temps de la justice ne peut pas être un temps expéditif. C'est ce qui fait que nous sommes dans un État de droit. Pour ma part, je condamne fermement ces propos ! Et c'est le rôle de l'Arcom de renouveler les autorisations des chaînes. […] Lorsque l'Arcom délivre une autorisation de diffusion sur la TNT, cette autorité étudie les demandes en prenant en compte le comportement passé ou encore le projet éditorial. Des règles existent, notamment une obligation de traiter les affaires judiciaires avec mesure. Lorsque l'échéance arrivera, l'Arcom examinera le respect des règles sur l'ensemble des années passées… C'est le travail du régulateur, pas celui du Gouvernement. Le ministère de la culture ne peut pas sanctionner ou censurer tel ou tel programme : ce n'est pas notre rôle. » J'ai cité longuement cette interview parce qu'elle en a déclenché d'autres, sur lesquelles je ne reviendrai pas : vous le constatez, je n'ai fait que rappeler le cadre du renouvellement des fréquences, les obligations des chaînes de la TNT et le rôle de l'Arcom. Cela a été ma ligne constante.

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