Intervention de Marie Pochon

Réunion du mercredi 3 avril 2024 à 15h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie Pochon :

Je voudrais vous remercier pour cette proposition de résolution européenne qui répond à un enjeu absolument fondamental, d'ailleurs souligné dans la loi d'orientation agricole, celui de notre souveraineté alimentaire. C'est celle-ci qui laisse la possibilité de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées à leurs populations, sans qu'elles puissent porter atteinte aux populations d'autres pays. La souveraineté alimentaire rompt avec l'organisation des marchés agricoles mise en œuvre par l'Organisation mondiale du commerce. Ce principe est au cœur de la vision des écologistes en matière agricole. Il est par essence incompatible avec la soumission de nos paysans, aux impératifs de compétitivité ultra-concurrentiels issus d'une globalisation non-régulée.

Les accords de libre-échange que vous dénoncez vont à l'encontre de la possibilité pour les peuples de déterminer les politiques agricoles, pour et par eux-mêmes, et non pas pour satisfaire des contraintes de marché. Ce principe fondamental ne peut souffrir d'aucun compromis, c'est la position des écologistes depuis toujours. En cela, notre groupe soutient totalement la demande d'un moratoire immédiat et ferme sur ces accords, qui tuent les agriculteurs, qui échangent indifféremment voitures ou minéraux rares, contre des agneaux, du blé ou des patates, qui portent atteinte à l'environnement et à la souveraineté des peuples.

Chers collègues, entendons-nous bien, le débat ne porte pas sur « voulons-nous mettre fin au commerce international ? ». En effet, 70 % des importations européennes de viande bovine proviennent déjà des pays du Mercosur. L'Europe est également le troisième partenaire commercial de la Nouvelle-Zélande. La question est bien « comment faire en sorte que les règles du commerce international bénéficient aux populations, et non plus aux grandes firmes multinationales ? »

La réponse ne viendra pas du CETA, que certains ici entendent continuer à appliquer sans l'aval des peuples européens, ni du Mercosur, ni des accords avec le Chili, l'Afrique du Sud ou la Nouvelle-Zélande.

À l'heure où des millions de Français font face à la hausse des prix et peinent à accéder à une alimentation saine et durable, où se produisent des importations massives de produits destinés à l'alimentation soumis à des normes sociales et environnementales inférieures aux nôtres, à l'heure d'un plan social massif en agriculture, à l'heure de l'effondrement du vivant et des changements climatiques qui devraient nous conduire à nous interroger sur l'ensemble des politiques que nous menons, à l'heure où tant d'entre vous ont défendu la fin de la concurrence déloyale, notre priorité doit être celle d'un moratoire et de clauses de sauvegarde protégeant l'exception agricole française et européenne, nos agriculteurs et l'environnement.

Pour ce qu'il nous faudra faire par la suite, les écologistes prônent une révision fondamentale de notre approche commerciale internationale, notamment sur le commerce des produits agricoles, afin de l'aligner avec des impératifs de justice sociale, de protection environnementale et de résilience économique locale. Nous l'avons fait par le passé, nous devons le faire pour l'avenir : alors, faisons-le.

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