Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 8 février 2017 à 15h00
Questions au gouvernement — Avenir de la zone euro

Bernard Cazeneuve, Premier ministre :

Monsieur le député, votre question renvoie à la construction européenne. Pour des raisons tenant à l’évolution du contexte international, notamment la position du président des États-Unis, la construction européenne se trouve en effet confrontée à de nouveaux défis, qui l’obligent à intégrer davantage ses politiques si elle veut résister à ces attaques et répondre aux interrogations des citoyens européens.

Je voudrais tout d’abord insister sur l’attachement très fort des Européens à la monnaie unique. Plus de quinze ans après sa mise en circulation, elle a permis d’intégrer davantage le marché intérieur, d’accompagner le développement de filières industrielles d’excellence, de développer l’activité de nos services. Elle a aussi permis aux pays d’Europe d’être plus solidaires pour résoudre les crises qui peuvent frapper certains d’entre eux.

Vous m’interrogez sur les mesures que nous préconisons, sur celles que nous avons prises et celles que nous prendrons, pour que cette monnaie continue d’être un extraordinaire atout, et pour renforcer l’Union européenne face aux défis qu’elle affronte.

Premièrement, si nous voulons que la monnaie unique reste aussi populaire qu’aujourd’hui, il est impératif de trouver des modalités plus performantes pour résoudre les crises, pour faire face aux difficultés. De ce point de vue, les dispositifs de solidarité que le Mécanisme européen de stabilité offre aux économies en difficulté ont maintenu l’unité, l’intégrité de la zone euro. Cela a été le cas, notamment, des trois programmes en faveur de la Grèce ; le dernier d’entre eux, de 86 milliards d’euros, est mis en oeuvre en contrepartie des efforts faits par la Grèce pour engager les réformes structurelles attendues d’elles pour rendre sa dette soutenable.

Dans quelques jours, je me rendrai en Grèce avec le ministre de l’économie et des finances, Michel Sapin, le ministre des affaires européennes, Harlem Désir, et le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, afin de manifester de nouveau la solidarité de la France.

Deuxièmement, il est impératif d’avoir des mécanismes de résolution des crises bancaires. La supervision bancaire, la garantie des dépôts et les autres dispositifs de résolution des crises bancaires sont des éléments clés de l’Union économique et monétaire ; ils ont été mis sur le métier grâce à l’action de la France et de l’Allemagne depuis 2012, et sont montés en puissance. Ils représentent aujourd’hui une garantie considérable.

Il faut, troisièmement, davantage d’harmonisation sociale et fiscale : vous l’avez dit. Nous y travaillons.

Enfin, il faut multiplier les initiatives pour la croissance. Je me suis rendu avant-hier à Bruxelles pour rencontrer le président Juncker : nous avons fait le point sur les 300 milliards d’euros du « plan Juncker », dont bénéficient cinquante-sept projets français stratégiques, dans l’industrie et les services, auxquels 20 milliards d’euros ont été alloués. Il faut faire monter ce plan en puissance.

Mais pour être économiquement forte, l’Europe doit être aussi sociale : c’est pourquoi il faut mettre en place un socle de droits sociaux, dont un salaire minimum européen, des dispositifs de mobilité pour les apprentis et la carte d’étudiant européen. Il faut aussi lutter contre le travail détaché, en révisant la directive de 1996. Tel est notre programme : nous sommes déterminés à le mettre en oeuvre, dans une relation étroite et exigeante avec les institutions de l’Union européenne.

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