Intervention de Pouria Amirshahi

Séance en hémicycle du 27 février 2013 à 15h00
Débat sur le mali : au-delà de l'intervention militaire perspectives de reconstruction et de développement.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPouria Amirshahi :

Une autre approche, agricole, dont l'objectif demeure la souveraineté alimentaire des peuples, s'impose également. Nous pouvons lutter en particulier contre deux fléaux : la spéculation agricole – je sais que M. Canfin s'y atèle – et l'accaparement des terres.

Cette exigence est d'autant plus importante que les enjeux démographiques sont sans commune mesure avec ce que nous connaissons en Europe. En l'état actuel de la dynamique démographique, c'est toute la région sahélienne qui est menacée. Si rien n'est fait dans ce domaine, alors d'autres conflits et d'autres guerres se prépareront.

Monsieur le Premier ministre, vous comprendrez que je n'oublie pas nos compatriotes qui résident au Mali et qui, malgré les épreuves, sont restés avec leur famille et leurs amis. À Bamako comme partout dans le monde, nos compatriotes sont des acteurs concrets et sincères du développement. Vers eux, souvent, se tournent les regards : ceux-ci sont agressifs lorsque notre politique étrangère est contestée, mais amicaux et bienveillants lorsqu'elle est comprise – c'est le cas aujourd'hui. Les Français vivant hors de France sont nos ambassadeurs : ils portent une part de nous-mêmes. Plus que jamais, écoutons-les, accompagnons-les et rassurons-les. Au-delà des légitimes préoccupations de sécurité, il nous appartient de rendre possible une vie sociale pour les familles et une vie scolaire pour les enfants.

Depuis le discours du Président de la République devant le parlement du Sénégal jusqu'à celui de Bamako, en passant par celui de Kinshasa, la nouvelle cohérence africaine de la France consiste à tourner le dos à la Françafrique. Monsieur le Premier ministre, la France a eu raison d'intervenir au Mali. Elle doit désormais prendre la tête d'une véritable coalition internationale pour un nouveau partenariat avec l'Afrique, axé résolument vers le développement.

Mes chers collègues, je conclus en rappelant le contexte, ou plutôt l'Histoire immédiate – avec un H majuscule – qui traverse le continent africain. Des démocraties sont en gestation au Maghreb, portées là-bas aussi par les sociétés civiles contre les obscurantistes. L'Afrique de l'ouest connaît un développement économique mais doit faire face aux risques lourds de morcellement. De l'avenir du Sahel dépend la réalisation ou la trahison d'une belle promesse : celle de l'émancipation humaine. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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