Intervention de Dominique Orliac

Séance en hémicycle du 21 mars 2013 à 15h00
Débat sur la traçabilité alimentaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Orliac :

Dans ces conditions, la traçabilité est presque inexistante. Il paraît évident que si Findus avait eu l'obligation de mentionner la provenance nationale de la viande, l'entreprise n'aurait jamais pris le risque d'écrire « boeuf roumain » sur l'emballage des lasagnes. Non : Findus se serait fourni en France.

Les éleveurs français appellent de leurs voeux cet étiquetage national, car ils sont soumis à des contrôles sanitaires plus contraignants que leurs concurrents étrangers, même européens. Si la réglementation est la même dans l'ensemble de l'Union, nous savons qu'elle est interprétée et appliquée différemment selon les États. Nos éleveurs ne veulent plus que l'on se contente d'indiquer la mention UE sur les viandes : ils demandent une mention nationale.

La Commission européenne est pour l'instant opposée à cette mention, qu'elle considère comme une entrave à la libre circulation des marchandises en Europe, et les États membres sont quant à eux partagés. Une bonne partie d'entre eux subit la pression des industriels, qui veulent continuer à avoir les mains libres sur leurs approvisionnements.

Monsieur le ministre, le Gouvernement s'est plusieurs fois exprimé dans cet hémicycle pour nous manifester sa volonté de mener un combat au niveau européen pour plus de transparence sur les étiquettes des produits transformés. Nous comptons sur vous pour relayer à nouveau cette préoccupation forte de nos territoires.

Je tiens à vous parler, pour finir, d'un exemple que je connais bien, la production du Lot, et celle du Sud-Ouest de manière plus générale. Nos circuits courts, nos labels et appellations ne sont pas suffisamment soutenus.

Monsieur le ministre, je sais que vous êtes un défenseur de la qualité et que les circuits courts vous tiennent à coeur. Dans le Lot, l'agneau du Quercy, qui a un label, est reconnu comme une production de grande qualité, mais qui perçoit que l'agneau néo-zélandais qu'il côtoie dans les rayons de la grande distribution a été abattu plusieurs semaines auparavant, transporté par bateau et conservé chimiquement ? La promotion et la protection des labels, indications géographiques de provenance et appellations d'origine contrôlée, doivent faire l'objet d'une action prioritaire du Gouvernement et de l'ensemble des pouvoirs publics, afin de mettre en valeur ces différences de qualité.

Ces labels ont un effet positif pour nos meilleures productions : c'est le cas de l'IGP du melon du Quercy, de l'AOC du vin de Cahors, comme de celle du Rocamadour. D'autres productions de qualité attendent encore leur appellation, comme le Croustilot et tant d'autres produits français, qui souffrent d'une concurrence déloyale.

Concernant les circuits courts, je sais bien qu'ils ne sont pas la solution définitive à tous les problèmes et qu'ils constituent une part marginale de la vente des produits alimentaires, mais ils sont une partie non négligeable de la réponse qui s'impose. C'est aussi une question de bon sens : il s'agit par là de faire vivre des territoires, d'améliorer le bilan carbone en économisant des millions de tonnes de kérosène, et de garantir la traçabilité. La proximité entre producteurs et consommateurs rétablit la confiance et la sécurité.

Nous avons connu un timide plan de soutien aux circuits courts en 2009, mais, pour améliorer la captation de valeur au bénéfice de la production, nous devons faire mieux et favoriser les ventes collectives, les ventes à la ferme et les marchés de producteurs de pays, qui répondent à un certain nombre d'exigences. Ils fournissent des produits de terroir et de tradition, répondent à l'exigence d'authenticité et de fraîcheur et permettent de connaître les produits et leurs modes de fabrication.

Dans nos départements ruraux, ils jouent un rôle fondamental dans le maintien d'une agriculture à taille humaine et présentent aussi un intérêt touristique. Monsieur le ministre, je vous lance un appel : mettez en oeuvre un plan de soutien ambitieux à ces productions locales. Ma demande n'est nullement inspirée par une nostalgie empreinte de romantisme. Elle répond à des exigences de traçabilité et vise à restaurer la confiance de nos concitoyens dans ce qu'ils mangent, en créant un climat de sécurité, de transparence et de justice alimentaires. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)

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