Intervention de Yves Jégo

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Jégo :

Je le voterai, d'abord, pour répondre à la demande criante de ceux que je reçois dans mes permanences. Je le voterai en pensant à ces jeunes sans qualification pour lesquels les portes de l'activité semblent fermées à jamais. Je le voterai aussi pour les 300 jeunes de l'école de la deuxième chance de Seine-et-Marne que j'ai créée et qui oeuvre justement pour l'insertion par l'emploi des jeunes sans qualification, ces jeunes motivés qui cherchent par tous les moyens avec énergie et détermination à trouver une place dans notre société.

Je le voterai avec conviction, mais à ce jour sans enthousiasme, tant il est vrai que le choix que vous faites est particulièrement coûteux au moment où la question du déficit de nos comptes publics est vitale. Pour ne pas légiférer à crédit, monsieur le ministre, votre devoir sera de nous proposer dans la loi de finances les économies – je dis bien les économies – sur le budget de l'État qui permettront de garantir le financement de cette mesure.

Il est vrai aussi que votre choix soulève bien des interrogations quant à la pérennisation de ces contrats que vous semblez, et je le regrette, vouloir limiter au secteur non marchand. Certes, on peut penser qu'avoir une première expérience, c'est déjà ça pour enrichir son CV. Mais il faut, je l'ai entendu sur de nombreux bancs de cette Assemblée, améliorer ce texte.

Je le voterai donc en vous demandant avec insistance, monsieur le ministre, d'entendre nos propositions. Je vous le dis solennellement et avec toute ma conviction : il faut d'abord inscrire dans le marbre de cette loi l'obligation d'une formation pour chaque bénéficiaire - mais je crois que vous êtes convaincu de cette réalité, faute de quoi l'emploi d'avenir ne serait qu'une voie de garage sans perspective qui enfermerait celui qui en bénéficie dans un avenir pour le moins incertain.

Pour atteindre votre objectif, il est aussi impératif, monsieur le ministre, d'ouvrir le bénéfice de ces emplois jeunes au secteur marchand de proximité. Nous vous proposerons dans la discussion un amendement destiné à permettre aux très petites entreprises de moins de deux salariés de pouvoir bénéficier de la mesure pour accueillir les emplois d'avenir. Il faut avoir conscience qu'un jeune d'une zone urbaine sensible, par exemple, ne pourra accéder à l'emploi aidé si le dispositif se limite aux acteurs publics et parapublics de son environnement. Ces jeunes ne sont pas mobiles ! C'est là, d'ailleurs, une différence majeure avec le dispositif des emplois jeunes d'il y a quelques années, qui s'adressait aussi aux jeunes diplômés, par nature plus mobiles. Je vous le dis, fort de mon expérience de 17 ans de maire d'une zone urbaine sensible, si nous refusons l'ouverture des emplois d'avenir aux TPE et que nous les limitons au secteur non marchand, de nombreux jeunes n'y auront pas accès.

Le livreur, le marchand de fruits et légumes, la coiffeuse à domicile, le restaurant du coin, l'artisan du quartier peuvent facilement créer un emploi, pour peu qu'effectivement le coût en soit limité dans les premières années. Ces TPE auront à coeur de former le jeune pour le conserver et permettre la pérennisation du service qu'il leur rendra. Il n'y aura pas d'effet d'aubaine, puisque les TPE, sans aide de l'État, n'auraient pas les moyens de créer un emploi. Quant au futur dispositif du contrat de génération, vous savez parfaitement, monsieur le ministre, qu'il ne concernera pas les TPE.

Alors, monsieur le ministre, saisissez la main qui vous est tendue ! La question du chômage est tellement cruciale, tellement douloureuse dans notre société qu'il me semble que notre devoir est de transcender les clivages politiques. De nombreux parlementaires de l'opposition se disent prêts à voter ce texte. La majorité est-elle prête à tendre la main pour faire en sorte que les propositions de l'opposition soient reprises ? Sommes-nous capables, en ce début de quinquennat, sur un sujet aussi majeur que celui du chômage, d'apporter une réponse de cohérence et d'unité du Parlement ? C'est l'enjeu, me semble-t-il, de nos débats ce soir.

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