Intervention de Serge Letchimy

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy :

Madame la présidente, messieurs les ministres, madame, monsieur les rapporteurs, à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles.

Vous avez évoqué, monsieur le ministre, un double échec des politiques passées – à cet égard, M. Robinet aurait dû faire preuve de plus de mesure et d'indulgence. À l'échec économique, à l'échec éducatif, j'ajouterai l'échec moral et, au-delà, l'échec sociétal.

La stratégie que vous avez mise en oeuvre au travers des emplois d'avenir n'est pas inerte, mais active. Elle n'est pas précipitée, mais réaliste. Elle est commandée par la gravité de la situation et par l'urgence des réponses à apporter. Elle est fondée, fait nouveau, sur des principes de justice, d'équité, de lucidité économique et sociale.

Les chiffres ont été donnés : 470 000 jeunes se trouvent sans emploi et sans formation. En outre-mer, c'est pire : 64 % des moins de 30 ans sont inactifs, 22 % sont chômeurs et 41 % des demandeurs d'emploi dans cette tranche d'âge n'ont aucune qualification.

On ne peut à la fois déplorer cette situation et renoncer à tout volontarisme, s'en remettre au fonctionnement des marchés sans en corriger les carences. Cela n'est pas une doctrine économique, c'est du dogmatisme !

Nous essayons, à ce niveau, de corriger les choses. Oui à la stabilité budgétaire, à la réduction de la dette et du déficit. Oui, aussi, à une croissance partagée et inclusive.

Je salue la stabilité du dispositif sur trois ans, la volonté de professionnaliser et de former, de donner aux jeunes une chance en les aidant à exprimer leur pleine humanité, de tenter d'éliminer la pauvreté et la précarité de la jeunesse, notamment outre-mer.

Je salue le fait que vous ayez traité la question de l'outre-mer de façon globale, sans la rejeter en annexe. Vous savez que la situation y est difficile.

L'initiative que vous avez prise en matière d'emplois d'avenir professeur permet de réduire les conséquences d'une ségrégation sociale, tout en apportant des réponses en matière de besoins d'enseignement.

Ce projet nécessite-t-il des modifications ? Bien entendu ! J'ai entendu des propositions très intéressantes. M. Jégo, qui a l'expérience de la gestion d'un ministère et de l'influence, a dit qu'il voterait ce texte, et j'invite ceux qui le souhaitent à l'amender. J'ai d'ailleurs entendu des propositions en ce sens.

Sans doute faut-il corriger les effets d'aubaine, faire attention à un excès de discrimination positive, notamment par rapport aux jeunes diplômés, et à la cohérence territoriale : quel doit être le rôle de la région ? Il faut aussi s'interroger sur les conséquences financières et budgétaires – car 75 %, ce n'est pas 100 % – et songer à un accompagnement technique, notamment en matière de gestion. Enfin, il faut réfléchir au statut des associations qui joueront un rôle d'employeur et, naturellement, à la pérennisation de ces contrats. Ce sont autant de points qui peuvent être améliorés, mais on ne refuse pas un projet aussi essentiel pour des détails techniques ou des questions de mise en place.

Ce texte réglera-t-il le problème du chômage des jeunes ? Bien sûr que non ! Constitue-t-il un investissement pour l'avenir ? Certainement ! Mais c'est surtout, mesdames et messieurs les députés, une chance donnée à l'homme, une parcelle de dignité restaurée, une invitation au progrès partagé : c'est bien le minimum que nous devons à ces enfants enfermés dans la spirale de la précarité. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, GDR et RRDP.)

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