Intervention de Michel Sapin

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social :

Mesdames, messieurs les députés, les précisions qui viennent de vous être apportées par mon collègue Repentin sont extrêmement utiles. Elles seront encore développées dans la discussion des articles. Le volet formation, c'est décisif. Sur tous les bancs, vous avez exprimé votre volonté que le jeune soit accompagné de bout en bout afin qu'il acquière ce qu'il y a de plus précieux, une formation, c'est-à-dire, au fond, ce qui permet de rester dans l'emploi, éventuellement de changer d'emploi, d'avoir une vraie carrière, une vraie confiance en soi sur un marché de l'emploi qui est par ailleurs inquiétant – il l'est toujours, mais en particulier quand on est jeune.

Au-delà de toutes ces questions qui ont été posées par les uns et par les autres, nous aurons à approfondir ce sujet. Je voudrais que vous ayez vraiment en tête cette conviction profonde qui est la nôtre, et qui différencie peut-être l'emploi d'avenir de bon nombre des dispositifs qui ont pu être mis en place jusqu'à présent.

Je voudrais vous remercier, parce que vous avez été très nombreux à vous exprimer dans cette discussion générale. Vous allez encore avoir l'occasion de le faire sur l'article 1er ou sur l'article 2. Je voudrais bien sûr remercier tous ceux qui, nombreux, ont donné leur appui à ce texte. Mais donner son appui, ce n'est pas être aveugle, ce n'est pas s'interdire de poser et de se poser des questions pour faire en sorte qu'un dispositif comme celui-ci réussisse. Nous essaierons de répondre à ces questions au cours de la discussion, parce qu'un débat parlementaire, c'est fait pour enrichir un texte. Ce n'est pas fait pour affirmer des positions définitives, qui bloquent toute avancée. C'est fait aussi pour faire appel à l'intelligence des uns et des autres.

Cela a déjà été le cas en commission. Le texte dont vous discutez aujourd'hui en séance publique, qui est celui adopté par la commission, intègre déjà huit amendements émanant de votre groupe, monsieur Chassaigne, afin de tenir compte des préoccupations que vous avez encore réaffirmées ce soir à la tribune. Des amendements du groupe UDI ont également été pris en compte dès le stade de l'examen en commission, ce qui me paraît parfaitement légitime, comme l'est l'attention qui a été portée à des propositions qui ont pu être faites par le groupe UMP. Nous aurons à poursuivre cette discussion.

Mais je voudrais rappeler quelques éléments de base, pour éviter soit des erreurs soit des faux procès. D'abord, ne perdons jamais de vue l'objectif fondamental de ce texte : ces 500 000 jeunes sans emploi et sans formation. Et ne nous dites pas, mesdames et messieurs les députés de l'opposition, que cela a toujours été ainsi. Ne nous dites pas : « Eh bien, cette fois-ci, c'est vous qui avez à vous occuper de ces 500 000 jeunes. » Parce qu'il n'y en avait pas 500 000 il y a cinq ans. Il n'y en avait pas 500 000 il y a dix ans. Il n'y en avait pas 500 000 il y a quinze ans, lorsque le projet sur les emplois jeunes a été porté sur les fonts baptismaux de cette assemblée. Il y en avait vraiment beaucoup moins. Une des caractéristiques de l'évolution de ces dernières années, c'est l'augmentation du nombre de jeunes sans formation et sans capacité de trouver un emploi.

Nous sommes tous sensibles à ce drame, mais ne faisons pas de polémique sur le thème : « Oui, vous vous en occupez à votre tour, mais cela n'a pas bien marché avec nous, donc cela ne marchera pas bien avec vous. » Ce n'est pas ainsi que l'on s'attaque à une réalité sociale aussi prégnante et aussi dure pour une société comme la nôtre. Je n'ai pas la prétention d'affirmer qu'on va forcément tout réussir, et qui peut prétendre qu'il existe une solution répondant à toutes les questions qui se posent ? Personne ici. Nous n'agissons donc pas dans un esprit de certitude de nous-mêmes, mais nous pensons que dans ce projet, il y a une manière de faire, d'ailleurs très bien décrite par le rapporteur, qui s'inspire des meilleures mesures prises jusqu'à présent et qui évite un certain nombre des erreurs commises, pour essayer de répondre à une situation inédite en France. Je l'ai dit cet après-midi : malheureusement, trois millions de chômeurs, on a déjà connu – ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire ! –, mais 500 000 jeunes sans formation et sans emploi, on n'a jamais connu cela, et donc on s'y attaque ! Il faut toujours avoir ce rappel en tête parce qu'à chaque fois que certains d'entre vous s'interrogent : « Oui, mais les autres, ceux qui ont une formation ? », je réponds qu'ils ont raison, qu'il faut aussi des solutions pour eux, et que, par exemple, le contrat de génération apportera des réponses aux questions qui ont été légitimement posées à ce sujet dans la discussion générale. Ne perdez jamais de vue qu'à chaque fois qu'on élargit un dispositif, sachant que nous devons financer 150 000 emplois, c'est autant en moins pour ceux qui n'ont ni formation ni emploi. Ayons toujours cela en tête.

Deuxième chose : évitons les erreurs d'interprétation, y compris sur l'article 1er que nous allons examiner. S'agit-il de réserver le dispositif des emplois d'avenir aux seuls jeunes sans formation et sans emploi des ZUS ?

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