Intervention de Jacques Myard

Séance en hémicycle du 12 juin 2013 à 15h00
Respect de l'exception culturelle — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Monsieur le président, madame la ministre, la proposition de résolution relative au respect de l’exception culturelle présentée par nos collègues Auroi et Bloche, dans le cadre du projet de mandat que le Conseil s’apprête à donner à la Commission pour négocier le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement entre l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique ne constitue pas une nouveauté dans les relations transatlantiques.

Chacun s’en souvient, l’accord Blum-Byrnes du 28 mai 1946 a constitué l’illustration la plus parfaite et la plus évidente, pour ne pas dire cinglante, de cet enjeu, entre la France et les États-Unis. À l’époque, les Américains ont obtenu l’ouverture des cinémas français et, plus généralement, ont permis à leurs films d’être déversés sur le continent européen, alors qu’ils étaient jusqu’alors interdits de séjour. Il faut toutefois reconnaître que l’interdiction totale qui avait cours à l’époque était quelque peu excessive.

Le compromis final, vous le savez, a consisté en l’abandon du quota de films américains en contrepartie de l’exclusivité de diffusion des films français quatre semaines sur treize. Les Américains avaient cependant gagné la partie. Il ne s’agit pas pour moi de manifester un quelconque rejet des films américains, dont certains sont excellents, tandis que d’autres, qui le sont beaucoup moins – et qui abondent sur des chaînes de télévision françaises – sont nommés par les Américains eux-mêmes des « savonnettes », tant ils sont insipides.

Toutefois – et nous sommes tous d’accord sur ce point –, l’objet de notre action consiste à préserver un secteur économique à part entière, porteur de notre identité culturelle. Dès 1946, vous le savez, la riposte – intelligente – a consisté à créer le Centre national de la cinématographie, qui a connu des années fastes grâce, notamment, aux possibilités financières qui lui étaient offertes, et en particulier aux avances sur recettes.

À ce propos, madame la ministre, il ne s’agit pas simplement de défendre l’exception culturelle vis-à-vis des Américains dans ce qui sera peut-être un futur partenariat transatlantique. Il est aussi primordial que nous, Français, défendions l’exception culturelle française, c’est-à-dire la diversité linguistique à Bruxelles. À cet égard, je dois dire que j’ai parfois le sentiment que le gouvernement français – je vous rassure : quel qu’il soit – est inscrit aux abonnés absents.

Aujourd’hui, on constate malheureusement que la Commission est devenue une formidable machine à angliciser. On le voit jusque sur ses murs : la dernière fois que j’y suis passé, il y a quelques semaines, je n’ai pas vu un mot écrit en français ; c’est du matraquage ! Pourtant, le français, comme l’allemand, est une langue de travail au même titre que l’anglais.

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