Intervention de Marc Le Fur

Séance en hémicycle du 11 octobre 2012 à 15h00
Obligation d'informer de la localisation des centres d'appels

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur, rapporteur de la commission des affaires économiques :

Madame la présidente, monsieur le ministre délégué – que nous serons très heureux d'entendre –, monsieur le président de la commission des affaires économiques, mes chers collègues, la proposition de loi que j'ai l'honneur de défendre devant vous, et de rapporter, la commission ayant bien voulu me désigner comme rapporteur, traite de la localisation des centres d'appel.

Au-delà de ce sujet, la vraie préoccupation de nos concitoyens, c'est le risque de délocalisation de l'emploi, du départ des emplois vers l'étranger. Ce risque, ils le voient, ils le vivent, et les médias relatent de multiples difficultés liées au monde de l'industrie. Il n'empêche que le monde des services est également concerné, de manière souvent plus insidieuse, moins spectaculaire mais tout aussi massive. C'est pourquoi il faut que nous réagissions. De ce point de vue, les centres d'appel sont emblématiques.

Ma solution, ma proposition est très modeste et en même temps relativement ambitieuse : créer dans le monde des services un made in France, que nous pourrons étendre à toutes sortes de secteurs, en particulier le transport de marchandises. Aujourd'hui, par le cabotage, n'importe quel camionneur issu de pays d'Europe orientale peut circuler dans notre pays. Il n'existe pas l'équivalent d'un made in France. Imaginons ce label dans le domaine des services ; c'est le but de la présente proposition de loi.

Elle concerne les centres d'appel. Ce domaine, c'est d'abord du monde : 275 000 salariés dans notre pays, dont 200 000 font partie des entreprises, et sont donc peut-être un peu moins concernés par le sujet, et 75 000 sont externalisés en France : les donneurs d'ordre font appel à des entreprises spécialisées, et réparties sur l'ensemble du territoire.

Comparons ces chiffres avec ceux d'autres pays européens. En Allemagne, le nombre de personnes travaillant dans des centres d'appel est de 600 000, en Grande-Bretagne d'un million. La différence apparaît aussi au niveau des coûts, des salaires, et des charges, puisque l'essentiel du coût dans ces métiers est un coût de main-d'oeuvre. En France, on parle de 28 euros de l'heure pour les centres d'appel externalisés, en Allemagne de 24 euros et en Grande-Bretagne de 22 euros. On aborde un sujet bien français, celui du coût du travail. J'ai noté, monsieur le ministre délégué, que ce sujet, censuré encore il y a peu par le Gouvernement, était désormais admis dans le débat, et je m'en réjouis.

Ces emplois sont certes modestes, je veux bien en convenir, et offrent peu de perspectives de développement, ce que l'on peut regretter.

Mais ce sont de vrais emplois, généralement en CDI, qui bénéficient à des jeunes et qui se sont multipliés ces dernières années dans l'ensemble de nos régions, et si nous avons de telles perspectives d'emplois chez nous, nous nous en réjouissons et sommes les premiers, tous autant que nous sommes, à aller rechercher les donneurs d'ordre des entreprises susceptibles de les créer.

Le problème, c'est que se sont développés récemment, à côté des emplois en France, des emplois à l'étranger, essentiellement au Maroc, en Tunisie, à l'île Maurice et en Roumanie, mais aussi, dans une certaine mesure, en Espagne, voire en Inde. On peut les évaluer à 60 000 postes. Il s'agit de locuteurs utilisant la langue française, qui téléphonent principalement à des clients établis en France. Eux-mêmes sont salariés d'entreprises françaises, mais qui se sont développées à l'étranger au détriment d'un développement en France. Il y a là une véritable difficulté dont nos concitoyens sont parfaitement conscients.

Avec le concours de l'administrateur qui m'a été affecté et que je salue et remercie, nous avons auditionné les donneurs d'ordre, les entreprises concernées, les syndicats, et je peux vous dire une chose très simple : avant ses auditions, j'étais inquiet… Depuis, je suis objectivement terrorisé !

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