Intervention de Valérie Pecresse

Séance en hémicycle du 15 octobre 2013 à 21h30
Loi de finances pour 2014 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Pecresse :

Dans son programme présidentiel, François Hollande s’engageait solennellement à réduire à 3 % du PIB notre déficit public en 2013. Après plusieurs reculades, il est désormais attendu à 4,1 %. La différence c’est – excusez du peu ! – 22 milliards d’euros, soit cinq fois le budget de la région Île-de-France ! Il y a un an, Jean-Marc Ayrault affirmait, droit dans les yeux, que neuf Français sur dix ne seraient pas touchés par les hausses d’impôt. Un an après, avec la refiscalisation des heures supplémentaires et la hausse de la TVA, ce sont, en réalité, 100 % des Français qui subiront votre matraquage fiscal.

Puis, le Président Hollande a annoncé la « pause fiscale » ; elle se traduit par 12 milliards d’euros d’impôts supplémentaires sur les ménages. Vos renoncements n’ont donc d’égal que les sacrifices toujours plus grands que vous demandez aux Français. En moins de dix-huit mois, c’est plus de 350 000 de nos compatriotes qui sont venus grossir les rangs du chômage, soit l’équivalent de la population de Nice, cinquième ville de France.

Chômage record, augmentation brutale des impôts, le résultat était prévisible : le pouvoir d’achat des Français recule à nouveau.

Vous vouliez punir les riches, disiez-vous ; vous avez en réalité appauvri les classes moyennes. Le pire, c’est que tous ces sacrifices semblent vains. Vous avez tellement augmenté les impôts qu’ils ne rentrent plus dans les caisses de l’État. Faut-il, comme je le soupçonne, voir dans le recul des recettes fiscales de TVA et d’impôt sur les sociétés le double effet d’une délocalisation de l’activité et de la reprise du travail dissimulé, c’est-à-dire la fragilisation de milliers de salariés qui se retrouveront soit au chômage soit avec une couverture sociale et une retraite amoindries ?

J’attends toujours votre réponse à cette question. La représentation nationale est en droit de savoir, et elle l’est d’autant plus que la colère monte. Hier soir, Le Monde titrait : « Les Français jugent l’impôt excessif et injuste. » Les trois quarts des sondés estiment que c’est aux classes moyennes qu’il est demandé le plus d’efforts. Pire, plus de la moitié des Français estiment que la fiscalité aggrave les inégalités sociales au lieu de les réduire. Votre politique est en train de mettre en péril le consentement à l’impôt, qui est pourtant le ciment de notre pacte républicain

Mais comment pourrait-il en être autrement quand les Français, à raison, ont le sentiment d’avoir été dupés ? D’un côté, la taxe à 75 % sur les rémunérations supérieures à un million d’euros, mesure démagogique et contre-productive dont vous aviez fait votre étendard politique, ne s’appliquera qu’en 2014 et à un millier de personnes seulement. De l’autre, vos décisions ont conduit 840 000 foyers à devenir imposables dès 2013.

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