Intervention de Gilles Carrez

Séance en hémicycle du 15 novembre 2013 à 15h00
Loi de finances pour 2014 — Après l'article 60

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Carrez, président de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire :

J’ai été séduit, voire convaincu par les propositions du rapport de MM. Muet et Woerth, de même que par l’argumentation présentée en faveur de cet amendement. Pourtant, j’ai été récemment amené à lire un article de M. Olivier Fouquet, qui a longtemps présidé la section des finances du Conseil d’État. J’ai beau ne pas être juriste, ce texte me donne tout de même matière à réfléchir. Permettez-moi de vous en citer deux brefs extraits qui résument bien le problème, au-delà de la complexité du raisonnement juridique. « Vouloir obliger le Conseil d’État ou la Cour de cassation », qui ont à juger l’abus de droit, « à ne plus appliquer en matière fiscale le concept de fraude à la loi peut paraître à bien des égards utopique. Que fait aujourd’hui le Conseil d’État pour apprécier si le seul motif d’une opération est fiscal ? Il compare l’avantage économique et l’avantage fiscal retirés respectivement par le contribuable de l’opération critiquée. Si l’avantage fiscal est prépondérant par rapport à l’avantage économique, il considère que le contribuable a été inspiré par un motif exclusivement fiscal. » Cette jurisprudence a d’ailleurs été récemment confirmée dans l’affaire dite des « coquillards » le 17 juillet dernier.

Or, en droit européen, c’est le mot « essentiellement » qui a été adopté, monsieur Muet. C’est ainsi que M. Fouquet poursuit son raisonnement sur la jurisprudence européenne : « Pour qu’un montage ne soit pas artificiel, il ne suffit pas qu’il présente un intérêt économique pour l’opérateur, si faible soit-il, il faut encore que cet avantage économique soit prépondérant par rapport à l’avantage fiscal. »

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