Intervention de Arnaud Montebourg

Séance en hémicycle du 27 mai 2014 à 15h00
Questions au ministre de l'économie du redressement productif et du numérique.

Arnaud Montebourg, ministre de l’économie, du redressement productif et du numérique :

– n’est pas contente : elle dispose de rapports de la médiatrice du crédit, de la Banque de France, mais aussi de KPMG et de la CGPME sur le terrain qui montrent que les PME et les TPE chutent parce que les crédits de trésorerie ne leur sont pas accordés. Quand on regarde dans le détail les grands agrégats, quand on analyse avec précision les statistiques relatives à l’activité actuelle de crédit bancaire, on constate que le niveau d’octroi des crédits de trésorerie aux PME est aussi peu élevé qu’en Italie ou en Espagne. Il y a donc un credit crunch sur ce segment, qui connaît des défaillances d’entreprises en série.

J’ai donc réuni l’ensemble des grands dirigeants de la place bancaire, et je leur ai dit ceci : « Vous vous accordez des bonus considérables, parce que vos établissements sont rentables et qu’ils font des profits. Vous servez très bien vos actionnaires. Mais moi, je ne suis pas satisfait. J’observe la situation des PME et des TPE : j’ai besoin que vous serviez l’intérêt de l’économie réelle, et pas seulement celui de vos actionnaires, auxquels vous versez des dividendes. » Mon discours est évidemment très décalé, mais je crois qu’en ouvrant ce chantier nous pouvons parvenir à conduire les banques à servir une part de l’intérêt général.

Nous avons en effet fait observer aux banques que quand leurs agences refusaient de prendre un risque, c’était la BPI qui comblait leurs carences. Or il n’est pas acceptable que ce risque, ce soient les agents de la BPI qui le prennent. Nous avons donc demandé aux banques d’améliorer leur niveau de crédit aux TPE et aux PME. Je leur ai même publiquement indiqué qu’il était nécessaire que la rémunération des dirigeants soit liée, en quelque sorte, au service rendu à l’économie. C’est bien le minimum ! Les banques ne sont pas des organismes vivant en dehors de la société : elles doivent servir celle-ci avec passion et engagement !

Pour l’instant, les banques ne m’ont pas adressé de fin de non-recevoir. Je vous tiendrai informés, mesdames et messieurs, de ces débats entre la puissance bancaire et la puissance étatique – des débats de puissance à puissance, si je puis dire. Nous n’avons pas l’intention de céder sur le nécessaire retour du système bancaire et financier vers l’économie réelle.

J’ai fait la même chose en matière d’assurance-vie. Les actifs inscrits sur des comptes inactifs sont estimés à environ 1,5 milliard d’euros : où va cet argent ? Dans les fonds souverains ? À Trifouilly-les-Oies ? De l’autre côté de la planète ? J’ai demandé aux établissements bancaires et d’assurance de ramener cet argent, autant que possible, dans l’économie réelle des PME et TPE.

Nous avons donc engagé un chantier, avec les acteurs de la banque et de l’assurance, pour travailler à la mise en place d’instruments communs, de politiques et de conventions communes. Après avoir provoqué une crise de l’économie réelle, nous souhaitons que les acteurs du système bancaire et financier réparent enfin les dégâts qu’ils ont causés pendant plusieurs années. De puissance à puissance, je pense que nous pouvons nous entendre.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion