Intervention de Frédéric Roig

Séance en hémicycle du 7 juillet 2014 à 21h30
Agriculture alimentation et forêt — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Roig :

Madame la présidente, monsieur le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, monsieur le rapporteur, chers collègues – peu nombreux pour l’instant, mais je ne doute pas que chacun aura dans quelques instants rejoint l’hémicycle –, nous sommes réunis pour débattre d’un projet de loi essentiel concernant l’agriculture, l’alimentation et la forêt, qui permettra de renforcer la vitalité de nos territoires.

Notre agriculture doit aujourd’hui relever un défi extraordinaire. Les agriculteurs vont devoir maintenir un niveau de production élevé pour pouvoir continuer à nourrir nos populations, tout en s’adaptant à de nouvelles normes environnementales et en préservant la qualité des produits. Notre alimentation dépend de ce savoir-faire, alors même que la profession rencontre un certain nombre de difficultés.

Il y a plus de soixante ans, George Orwell écrivait : « Nous pourrions bien nous apercevoir un jour que les aliments en conserve sont des armes bien plus meurtrières que les mitrailleuses. » Cette mise en garde doit demeurer à notre esprit, afin d’éviter les catastrophes sanitaires et alimentaires et de développer une agriculture agro-écologique. Il faut que la production de notre alimentation respecte les contraintes environnementales et sanitaires, tout en veillant à être viable économiquement pour l’ensemble des acteurs de la filière.

Le projet de loi vise à protéger la forêt, à soutenir le secteur alimentaire et nos agriculteurs, autant de facteurs clés pour le développement rural.

Dans ma circonscription de l’Hérault, je rencontre de nombreux agriculteurs qui font preuve d’une volonté sans faille pour adopter des pratiques agricoles raisonnées, mettre en place des appellations d’origine contrôlée – AOC – et des indications géographiques protégées – IGP – dans la production de vins, de viandes, de légumes, de fruits, de miels, d’olives ou de fromages. Ma commune de Pegairolles-de-l’Escalette a le privilège de compter trois productions faisant l’objet d’une AOC, le Roquefort, le Pélardon et, tout récemment, l’excellent vin Coteaux du Languedoc-Terrasses du Larzac. Il faut encourager ce travail d’appellation d’origine contrôlée et d’indication géographique protégée, ainsi que tous les labels de qualité. Marquer l’origine et la qualité des produits améliore l’information du consommateur et le protège de dérives, tout en renforçant l’économie agricole des terroirs. Les produits proposés sont à la fois de grande qualité et respectueux de l’environnement.

L’agropastoralisme est également vertueux pour notre environnement. Reconnaître la qualité du travail effectué, c’est aussi reconnaître certaines techniques particulières. Ainsi, les paysages du territoire des Causses et Cévennes, qui est le mien et qui vient d’être classé au patrimoine mondial par l’UNESCO, ont-ils été forgés par l’agropastoralisme. Il y a là un bel exemple à suivre. Ma collègue Frédérique Massat a évoqué tout à l’heure les problèmes de régulation et de protection des troupeaux. L’article 18 bis du projet de loi constitue un enjeu important pour la protection contre les animaux nuisibles comme le loup.,

Il faut également penser aux modes de distribution en circuit court, qui permettent de réduire le nombre d’intermédiaires dans la distribution et de disposer de produits agricoles de qualité. La vente directe, les marchés paysans, les boutiques paysannes, les marchés et les commerçants détaillants pour le semi-court, sont autant de formes de circuits courts qui inciteront peut-être la grande distribution à d’autres pratiques commerciales, sans compter que ce système permet de sauvegarder nos savoir-faire et nos emplois, tout en rassurant les consommateurs.

Ce projet de loi encourage les pratiques responsables et apporte de premières réponses aux agriculteurs. Il crée notamment le groupement d’intérêt économique et environnemental – GIEE. Un collectif d’agriculteurs désirant s’engager dans l’agro-écologie bénéficiera ainsi d’un accompagnement dans la transition vers des systèmes de production beaucoup plus innovants et compétitifs.

Le texte prévoit aussi un suivi environnemental des produits phytosanitaires. Des polémiques se sont fait jour à ce sujet mais sur nos territoires, vous l’avez rappelé en commission, monsieur le ministre et monsieur le rapporteur, les produits phytosanitaires sont déjà régulés. Cessons donc de susciter des fantasmes, au risque d’inquiéter la population. Tout cela est aujourd’hui maîtrisé et les réponses que vous avez apportées en commission et que vous rappellerez dans le débat à venir conforteront l’esprit du dispositif.

La formation et l’installation des jeunes agriculteurs sont un autre enjeu essentiel. Vous avez, monsieur le ministre, comme certains de mes collègues, évoqué les problématiques foncières. L’accès à la propriété foncière est aujourd’hui un problème pour les agriculteurs. Je suis convaincu que par l’installation progressive, au travers notamment de l’apprentissage, des solutions pourront être trouvées.

Il est important aussi de préserver nos paysages et nos espaces. Une gestion optimale et harmonieuse de la forêt, notamment du bois-énergie, y participe : il faut la rendre possible. Ce sujet a fait l’objet d’un amendement du président Brottes en commission. Les exemples de développement d’exploitations agricoles et forestières intégrées à leur milieu, tel que le projet consistant sur le plateau du Larzac à débroussailler des buis sur des pâtures, à les valoriser en précompost et amendement pour les sols, en source d’énergie, en aliments protéiné, et même pour des applications sanitaires et pharmaceutiques, doivent être mis en lumière et encouragés.

Permettez-moi également d’évoquer le rôle important que jouent les chasseurs sur nos territoires, souvent les premiers, avec les agriculteurs, à préserver l’environnement et à alerter.

Avant de conclure, je voudrais évoquer brièvement le problème de la gouvernance d’Internet et de l’attribution des noms de domaine.

Le processus en cours de délégation des noms de domaine .wine.vin, sans protection des indications géographiques protégées ni des appellations d’origine contrôlée, va créer des difficultés considérables de traçabilité pour le consommateur et risque, pour la filière viticole, de remettre en question tous les signes de qualité. Il serait possible de commercialiser un excellent vin de Pic Saint-Loup avec un site internet www.Pic Saint-Loup. vin. Impensable ! Je sais, monsieur le ministre, le combat que vous avez engagé avec l’ensemble du Gouvernement, en adressant dès le 5 juin un courrier au commissaire européen concerné.

Vous l’aurez compris, ce projet de loi est une étape essentielle, très attendue pour l’économie rurale et l’agriculture. Nous continuerons à nous mobiliser pour défendre les femmes et les hommes qui oeuvrent dans notre pays pour offrir à nos concitoyens une alimentation de qualité tout en pratiquant une agriculture toujours plus soucieuse et garante de notre environnement.

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