Intervention de Michel Herbillon

Séance en hémicycle du 12 novembre 2012 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2013 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Herbillon :

Alors, vous tentez comme vous le pouvez, monsieur le ministre, d'expliquer qu'il est naturel que le ministère de la culture participe au redressement des finances publiques. Le problème, c'est que ce discours est exactement contraire à celui que tenaient votre candidat et les socialistes il y a quelques mois.

Chacun se rappelle que, durant les cinq années écoulées, alors même que nous étions en pleine crise, notre majorité a augmenté de 20 % les crédits dédiés à la culture. Pourtant, nos collègues socialistes, et la gauche en général, réclamaient ici même, à cor et à cri, davantage de moyens pour la culture.

Je me demande, mes chers collègues, comment vous pouvez aujourd'hui vous renier à ce point, en votant sans sourciller de telles coupes budgétaires, car ce que la majorité de gauche de cette assemblée s'apprête à entériner aujourd'hui, c'est l'abandon, ou le report sine die, de tous les projets d'investissement culturel structurants lancés par notre majorité.

Je pense à la Maison de l'histoire de France, au Musée de la photographie à Paris, au Centre des réserves du Louvre, à la nouvelle salle de la Comédie-Française, au Centre national de la musique, à certains projets en région, comme Lascaux 4, ou en banlieue comme la tour Médicis à Clichy-Montfermeil. À vrai dire, les seuls projets que vous sauvez sont ceux qui étaient trop avancés pour que vous les supprimiez : le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, le MuCEM, à Marseille, le centre des Archives nationales à Pierrefitte ou la Philharmonie à Paris.

Mais, au-delà de l'abandon de ces projets d'investissement, ce que ce premier budget de gauche entérine pour la culture, c'est également la réduction des moyens dédiés à la création, avec une baisse des crédits pour le spectacle vivant, comme pour les arts plastiques. Une baisse de 1,5 % pour la création, c'est presque un moindre mal, me direz-vous, au regard de ce que subira le patrimoine l'année prochaine : les crédits qui lui sont dédiés vont en effet baisser de près de 10 %. C'est avant tout la restauration des monuments historiques qui va être impactée par ces mesures, mais aussi les musées, sur l'ensemble du territoire. S'agissant des crédits d'acquisition, il est désormais acté que la baisse atteindra au moins 50 %. Tout cela en dit long, en vérité, sur l'absence de projet du Gouvernement en matière de politique culturelle : il n'a ni boussole, ni cap.

Six mois après l'arrivée de la gauche au pouvoir, hormis les missions de réflexion, les états généraux et autres colloques, hormis les grandes déclarations sur l'importance de la culture en matière de citoyenneté, de cohésion sociale, d'attractivité du territoire ou de développement économique, autant d'évidences que nous partageons sur tous les bancs de cette assemblée, la seule réalité concrète de l'action culturelle du Gouvernement, c'est la rigueur budgétaire et l'absence de projet.

Vous affirmez que l'éducation culturelle et la jeunesse sont votre grande ambition. Très bien, mais concrètement, par quoi cela se traduit-il ? Vous prévoyez d'accorder 2,5 millions d'euros de crédits supplémentaires à l'éducation culturelle l'année prochaine : au regard des 100 millions de crédits que vous supprimez pour la culture, avouez que le compte n'y est pas.

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