Intervention de Brigitte Allain

Séance en hémicycle du 9 septembre 2014 à 15h00
Adaptation de la société au vieillissement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Allain :

Madame la présidente, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, madame la présidente de la commission des affaires sociales, madame la présidente de la délégation aux droits des femmes, madame la rapporteure, madame la rapporteure pour avis, mes chers collègues, je salue la présentation de ce projet de loi devant notre assemblée. Son titre est plein de promesses, car il pose la question sous un angle nouveau : l’adaptation de la société au vieillissement.

L’Aquitaine fait partie des cinq régions métropolitaines où la proportion de vieilles personnes est la plus élevée. Les Aquitains très âgés sont surreprésentés dans l’espace rural, en particulier en Dordogne. En 2011, la part des personnes âgées de plus de 75 ans était de 13 % en Dordogne, contre 10 % dans toute l’Aquitaine. En France métropolitaine, cette part est de 9 %. C’est une bonne nouvelle : on vit bien en Dordogne, et longtemps.

Dans les prochaines années, la population des personnes âgées va encore s’accroître sensiblement. Des services supplémentaires devront être proposés et l’aménagement de l’espace public devra être revu. Le fonctionnement de la société actuelle n’est pas adapté aux plus âgés d’entre nous. Notre société exacerbe la compétition, promeut la rapidité. La loi doit intégrer le fait que les métiers de services à la personne n’entrent pas dans une logique de compétitivité. Quand tout est chronométré – le temps consacré à la toilette, à changer la personne, à faire le ménage – dans un souci de compétitivité, la personne dépendante est ballottée, transportée de l’EHPAD à l’hôpital, puis vers un autre institut. Ces transferts se succèdent parfois au cours d’une seule nuit.

Dans les services gériatriques et médico-sociaux, les membres du personnel ne sont pas remplacés lorsqu’ils sont malades. Cette situation crée beaucoup de tensions et de stress pour eux-mêmes et est, de fait, source de maltraitance pour les résidents. Les personnes accueillies dans les institutions en souffrent ; le personnel aussi. Cela se transforme en négligence et mépris.

Les dispositions de ce projet de loi me semblent suivre la bonne direction, à condition que les moyens alloués soient suffisants. Pour relever le défi de l’allongement de la durée de la vie, nous ne pourrons nous contenter d’évaluations, de chiffrages : il faudrait surtout que les personnes soignantes et de service aient le temps de parler, de solliciter et de créer un milieu sécurisant.

Nous devons entamer une vraie réflexion sur le statut d’aide à domicile en zone rurale. Les temps de transport y conduisent à un emploi du temps morcelé, synonyme de temps très partiel. Cette précarité ne permet pas des temps d’échange humain entre aidants et aidés. Je propose d’ajouter un temps complémentaire à l’intervention technique pour privilégier le lien social et humain lors de toute intervention de personnel aidant ou soignant auprès d’une personne âgée, à domicile ou en institution.

Je salue la décision de provisionner pour les aides à domicile, avec une enveloppe visant à revaloriser les frais kilométriques et à augmenter les salaires les plus bas. Dans le même esprit, le temps de déplacement doit être rémunéré comme temps de travail. L’indemnité kilométrique doit être la même pour une femme de ménage et pour un soignant. Par ailleurs, pour rompre l’isolement, en particulier en milieu rural, l’ouverture des EHPAD à l’accueil de jour régulier doit être favorisée, de même que le développement des activités et animations de loisir. Par exemple, pour éviter la rupture sociale entre les résidents et l’extérieur, l’EHPAD La Madeleine à Bergerac a mis en place des activités autour du jardinage, en lien avec les associations et les écoles. Aussi, nous avons déposé un amendement visant à préciser le rôle important que joue l’accueil de jour dans le maintien à domicile des personnes âgées.

Enfin, je salue la poursuite du travail engagé par ma collègue Cécile Duflot sur l’habitat collectif et la création des attestations de tutorat pour les retraités bénévoles, ou encore la promotion d’un statut de volontariat civique senior pour renforcer le lien social intergénérationnel et pour des missions d’intérêt général. Ce dispositif pourra, je le pense, contribuer au dynamisme des personnes âgées, à condition, toutefois, qu’il ne remplace pas des emplois salariés.

À côté de ces bonnes dispositions législatives, c’est surtout – nous en conviendrons tous – de liens humains que nous avons surtout besoin pour vivre mieux avec les personnes âgées : la solidarité intergénérationnelle, le respect des autres, les liens affectifs, la compréhension.

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