Intervention de Véronique Besse

Séance en hémicycle du 9 septembre 2014 à 15h00
Adaptation de la société au vieillissement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Besse :

Cela n’a pas de sens.

Deuxièmement, vous voulez également permettre aux étrangers ascendants de Français présents sur le territoire depuis vingt-cinq ans d’acquérir la nationalité française. Permettez-moi de vous dire que l’on s’éloigne vraiment du sujet.

On trouve également des insuffisances dans ce projet de loi, notamment dans son volet financier : les aides financières ne sont ni adaptées ni suffisantes pour maintenir les personnes âgées à domicile le plus longtemps possible, conformément à leurs souhaits. Pour ce qui est des EHPAD, les personnes âgées y rentrent le plus tard possible ; ces établissements doivent être adaptés à la dépendance, donc médicalisés, avec des personnels mieux formés et plus nombreux. Là non plus, les moyens financiers ne sont pas à la hauteur.

Je ne parlerai pas du problème des personnes âgées handicapées, pour lesquelles aucune solution concrète n’est envisagée, ni des maladies liées à la vieillesse, comme la maladie d’Alzheimer, non plus que des aidants, lesquels doivent être reconnus et soutenus.

Pourtant, l’enjeu du vieillissement est d’ampleur et de plusieurs sortes. C’est tout d’abord un enjeu de santé publique et une question démographique. La qualité de vie s’améliore et nous vivons de plus en plus longtemps. Vous aurez compris le défi que cela implique : comment faire en sorte que nos compatriotes vivent plus longtemps, et en bonne santé ?

C’est également un enjeu économique : l’État est-il capable de se donner les moyens d’encadrer, d’accompagner, de soutenir véritablement ses aînés ?

C’est enfin un enjeu social et culturel. La dépendance peut être sociale, pour ceux qui souffrent de l’isolement ; elle peut aussi être physique et médicale, pour ceux qui ne sont tout simplement plus capables d’effectuer les gestes essentiels de la vie quotidienne.

Le Gouvernement n’a pas eu le courage de se poser les bonnes questions, à savoir : quel regard portons-nous sur le vieillissement et quelle place souhaitons-nous donner aux personnes âgées dans notre société ?

Tout compte fait, ce débat nous donne l’impression que l’on ne sait pas trop que faire de l’espérance de vie que l’on a gagnée, et qui est évidemment une excellente chose ; nous ne savons pas comment accompagner cette évolution. Au demeurant, que faut-il attendre d’un Gouvernement qui veut nous convaincre de sa volonté d’agir mais qui, dans le même temps, a donné des consignes aux agences régionales de santé pour fermer les robinets ?

La question du vieillissement concerne toutes les familles. C’est un problème de société qui nous concerne tous et qui mériterait une réforme ambitieuse. Mais il faudrait pour cela avoir la volonté de voir la réalité en face, d’écouter les personnes âgées et leurs familles, de donner les moyens aux associations et aux collectivités – tout particulièrement aux départements – de mener des politiques gérontologiques adaptées et faisant preuve d’audace et d’innovation.

Il ne faut pas avoir peur de prendre modèle sur ce qui se passe autour de nous, de s’inspirer de certains de nos voisins, notamment du Nord. La France est à la traîne, et ce n’est pas avec ce projet de loi que nous pourrons être dignes des attentes légitimes des personnes âgées. Celles-ci méritent toute notre attention. Or, malheureusement, nous n’avons que de piètres réponses à leur apporter ; ce texte ne va pas suffisamment au fond des choses.

Madame la ministre, ce projet de loi est une réponse bien timide face aux enjeux de la dépendance. Ne juge-t-on pas le degré de civilisation d’une société à la façon dont elle prend soin des plus fragiles ?

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