Intervention de Cécile Duflot

Séance en hémicycle du 1er octobre 2014 à 21h45
Transition énergétique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCécile Duflot :

Disons-le tout net : sur ce point, les écologistes estiment que le Gouvernement n’est pas au rendez-vous.

Les crédits européens sont promis, mais toujours absents sur le terrain. L’écotaxe, votée à l’unanimité par le Parlement, est sans cesse repoussée, jamais appliquée, peut-être même est-elle de fait enterrée. Vous vous refusez encore à fixer un prix au carbone – les débats en commission étaient intéressants sur ce sujet – quand Ban Ki-moon affirme que c’est la seule solution. La contribution climat énergie que cette majorité a mise en place est certes un progrès décisif, mais elle est encore trop timide pour être à la hauteur des enjeux.

Quant aux programmes gouvernementaux, sur lesquels les acteurs économiques fondent à raison quelque espérance, ils subissent encore l’instabilité et l’insécurité. Certains sont même menacés. Je pense notamment au programme Habiter Mieux, mis en place par la majorité précédente et qui a été modifié et amplifié. Nous n’avons encore aucune indication sur sa pérennité après 2015. Je le redis alors que ce programme rencontre un immense succès tant en termes sociaux qu’énergétiques.

Le troisième risque qui pourrait menacer la transition énergétique, c’est l’imprécision : l’imprécision de la politique, voire parfois ses allers retours. Il faut le reconnaître ici, madame la ministre : combien y a-t-il eu d’incohérences, combien d’avancées puis de reculs sur les mêmes sujets, sur la question écologique ? Il ne suffira pas d’un gouvernement, d’un quinquennat, ni même sans doute d’une génération pour réussir la transition énergétique.

Alors, par pitié, ayons l’audace de la cohérence, de la durée et de la pertinence. Ne nous exclamons pas « Vive les gaz de schiste ! » devant certains acteurs pour les condamner ensuite devant les écologistes. Ne crions pas « Vive le nucléaire ! » devant le MEDEF pour promettre un autre futur devant le Parlement.

« La grandeur aujourd’hui ne peut s’établir uniquement sous les formes et avec les moyens du passé. Cultivons plutôt une forme d’exemplarité en dessinant un modèle dans lequel le peuple français puisse se reconnaître. Un modèle qui parle aux autres et où la recherche de l’efficacité garde pour fin l’équité. » C’est avec ces mots qu’un grand homme d’État, que vous connaissez bien, a conclu son dernier ouvrage : Lionel Jospin appelle ainsi notre pays à avoir l’audace de l’exemplarité plutôt que celle de la conquête.

C’est à cette audace que je voudrais ici nous inviter tous. Dans un an, notre pays accueillera un sommet décisif pour l’avenir de notre planète et de notre humanité. Et si la France en profitait pour devenir un modèle ? Certes, nous avons accumulé un immense retard, mais si nous hissons le texte qui nous est présenté aujourd’hui à la hauteur de l’ambition du siècle qui nous attend, nous pouvons en faire un exemple. Cela ne mérite pas de querelles, pas de polémiques politiciennes ; cela n’appelle pas de divisions stériles ; cela peut nous offrir l’opportunité historique de renouer avec une certaine idée de la grandeur de la politique.

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