Intervention de Stéphane Claireaux

Séance en hémicycle du 30 octobre 2014 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Claireaux :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission des affaires culturelles, madame, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, je veux affirmer d’emblée que, malgré les déconvenues ou certaines désillusions d’un quinquennat agité, abîmé par une crise économique et financière sans précédent, le Gouvernement tient le cap, avec courage, quant à la politique qu’il mène dans le domaine de l’éducation nationale.

Ainsi, le budget attribué à la mission « Enseignement scolaire » augmentera de façon constante jusqu’en 2017. Il sera de 47,43 milliards d’euros dès 2015, soit une progression de 2,4 % par rapport au budget 2014. D’une manière générale, le budget consacré à l’éducation nationale en 2015 atteindra 66,3 milliards d’euros, soit 2,31 % de plus qu’en 2014. Enfin, la part du budget de l’éducation nationale dans le budget total de l’État sera de 16,15 % en 2015, en augmentation significative par rapport à 2014. Cette année encore, le budget prévu pour l’éducation nationale traduit donc budgétairement une ambition qui s’était elle-même traduite, dès le début du quinquennat, par l’adoption de la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République.

Ainsi, madame la ministre, vous n’avez pas renoncé à poursuivre le mouvement engagé par cette loi en ce qui a trait à la création de postes. Pour la rentrée 2015, le schéma d’emploi prévoit la création de 9 421 postes, dont 5 734 d’enseignants titulaires et stagiaires. En outre, puisqu’il s’agit aussi de recruter des enseignants qualifiés, 3 138 postes participeront à la rénovation de la formation initiale et continue des enseignants. Il faut le rappeler : sous l’ère Sarkozy, la formation professionnelle avait été tout simplement retirée non seulement aux enseignants, mais aussi aux élèves, car ce sont ces derniers qui ont pâti in fine de l’incurie d’une politique qui considérait que l’école pouvait se passer de la pédagogie. La pédagogie revient ainsi au coeur de l’enseignement scolaire, et le groupe RRDP ne peut que s’en féliciter. Un effort accru est accordé à la formation des enseignants : une enveloppe de 1,34 milliard d’euros y sera consacrée en 2015, contre 874 millions en 2014.

Chacun en conviendra, l’éducation nationale est une institution essentielle au sein de la République. Au-delà de l’enseignement des matières fondamentales, c’est à l’école que se construit l’attachement citoyen aux valeurs de la République chères aux radicaux que sont l’humanisme, la fraternité et la laïcité. Dans un pays qui glisse vers l’intolérance, le rejet de l’autre, la xénophobie, l’hostilité à l’Europe et le repli sur soi, il est aujourd’hui plus que nécessaire d’offrir aux élèves des perspectives pour bâtir une société apaisée, plus humaine, empreinte de fraternité et de tolérance. Former les professeurs, c’est ouvrir aux élèves les portes de la connaissance, de l’esprit critique et de l’action citoyenne éclairée.

À côté du nécessaire retour de la pédagogie au coeur de l’enseignement scolaire, je souhaiterais, madame la ministre, aborder la question du statut des assistants d’éducation employés par l’éducation nationale dans le cadre de contrats à durée déterminée d’un an, renouvelables six fois maximum. À l’issue de leur sixième reconduction, ces contrats ont vocation à être transformés en contrats à durée indéterminée. Or, force est de constater que cette pérennisation est loin d’être automatique.

Il s’agit là d’une difficulté à laquelle il semble utile de réfléchir, pour au moins deux raisons. D’une part, il paraît peu compréhensible de se séparer d’un personnel ayant six ans d’ancienneté. D’autre part, ce personnel remplit une mission éducative qui s’inscrit dans une démarche d’individualisation de l’aide scolaire et qui, par conséquent, constitue assurément un moyen efficace pour lutter contre le décrochage scolaire. Or, bien que des progrès aient été constatés depuis 2012, 9,7 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans ne possédaient en 2013 ni CAP, ni BEP, ni un diplôme plus élevé, et ne poursuivaient pas d’études ou de formation. Certes, ce pourcentage est inférieur à celui constaté en moyenne au sein de l’Union européenne – 11,9 % –, mais il reste préoccupant eu égard aux chiffres du chômage dans notre pays.

La lutte contre le décrochage scolaire est un enjeu majeur, qui correspond en tout point à la volonté affichée du Gouvernement d’oeuvrer en faveur de la réussite scolaire. L’individualisation de l’aide pédagogique est un moyen efficace pour répondre à cette préoccupation, que partage pleinement le groupe RRDP. Permettre aux élèves de se sentir soutenus par des équipes formées et connaissant au plus près leurs difficultés, c’est leur redonner confiance en l’école et leur offrir des perspectives d’avenir. Madame la ministre, nous ne doutons pas que votre engagement dans la lutte contre le décrochage scolaire vous amènera à étudier cette question.

En espérant une action de votre part sur ce point, en adéquation globale avec la politique que vous menez et les crédits de cette mission, sachez, madame la ministre, que vous pouvez compter sur le soutien des députés du groupe RRDP. Nous voterons bien évidemment les crédits de la mission « Enseignement scolaire ».

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