Intervention de Emmanuel Macron

Séance en hémicycle du 5 novembre 2014 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Économie

Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique :

Monsieur le député, l’esprit de responsabilité conduit à faire des économies partout où c’est possible. C’est de la dépense publique, nous devons la réduire. Les 500 millions que vous évoquez, c’est un prélèvement sur fonds de roulement et une limitation de la taxe affectée. Cela fait l’objet de débats, il faut agir de manière intelligente. Je regrette d’ailleurs qu’il n’y ait pas eu davantage d’intelligence autour de la table alors que les CCI ont été à plusieurs reprises invitées à venir dans le bureau de Carole Delga comme dans le mien.

Cela dit, ce prélèvement était une nécessité. Durant les dix dernières années, quand l’État stabilisait en valeur sa dépense, la taxe affectée, le budget des CCI, augmentait de 40 %. Considérez-vous que c’est normal ? Ne peut-on assurer les missions d’apprentissage, de services, auxquelles nous ne touchons pas, tout en demandant de la responsabilité et des économies ? Ne vaudraient-elles toujours que pour les autres ? Si c’est cela votre démarche, je comprends mieux pourquoi, durant les cinq dernières années, vous avez augmenté la dépense publique de 120 milliards d’euros et la dette de 600 milliards d’euros. L’état dans lequel nous sommes aujourd’hui est le résultat de ce genre d’incohérence, monsieur le ministre.

Pour les CCI, nous allons faire le travail intelligemment, avec la péréquation qui va bien, pour préserver les plus petites et préserver les investissements là où ils sont, mais la vérité n’est pas dans ce que vous dites. Vous nous parlez de contraintes d’organisation, mais regardez ailleurs. Regardez en France, regardez le Nord-Pas-de-Calais. Grâce à des fusions et à des rapprochements de CCI, il y a deux grands axes, deux grandes maisons mères et treize implantations sur le territoire. Elles continuent à offrir un service de qualité sur le terrain, mais en regroupant les moyens et en dépensant moins. C’est cela qu’il faut promouvoir, plutôt que le rétrécissement sur soi ou la pratique de vieilles doctrines qui n’ont plus cours.

Les Français ne peuvent plus comprendre, compte tenu des efforts qu’on leur demande et qui sont légitimes, que vous puissiez avoir ce genre de discours passéiste.

Je parlerai enfin de cohérence. On ne peut pas, d’un côté, expliquer à longueur de tribune, à longueur de journée que 50 milliards d’euros en trois ans, ce n’est pas assez, que la France doit tenir ses engagements vis-à-vis de Bruxelles et que vous, vous feriez les 100 milliards que vous n’avez pas réussi à faire en dix ans et, de l’autre, nous faire une ode à l’investissement public des collectivités locales. Parce que ça, monsieur le ministre, c’est le signe de l’incohérence et de l’irresponsabilité.

L’investissement est préservé partout où il est utile, dans les CPER, à travers le programme d’investissements d’avenir, dans les plans industriels. Plus de 2 milliards seront investis dans les prochaines années. Il faut ensuite aller se battre à Bruxelles pour avoir un vrai plan d’investissement européen.

J’en tire une conclusion, en tout cas, c’est que, tant que vous tiendrez ce genre de discours, la pratique de l’esprit de responsabilité ne sera pas partagée.

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