Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 11 février 2015 à 21h30
Questions sur la politique de sécurité

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur :

Monsieur Popelin, nous avons déjà eu l’occasion de nous entretenir de ces questions et vous connaissez la détermination du Gouvernement à lutter contre toutes les formes de trafic, dont bien entendu le trafic de stupéfiants, en raison des ravages qu’il occasionne dans un certain nombre de cités où une délinquance faite de trafics et de petites combines s’instaure, parfois en relation avec d’autres réseaux qui vont bien au-delà du quartier. Le trafic de drogue – et la lutte contre le crime organisé en témoigne – est un trafic mondial qui mobilise des acteurs du lieu de production de la drogue jusqu’au lieu où elle est écoulée par des petits trafiquants qui prennent une part de la marge procurée par ce trafic. Mais cette marge est résiduelle au regard de ce qui est empoché par des organisations du crime très structurées qui utilisent des sociétés-écrans, placent leur argent dans des paradis fiscaux et mobilisent des plateformes portuaires et aéroportuaires dans un certain nombre de pays pour développer leur trafic.

Nous sommes résolus à lutter contre ces trafics et à démanteler ces filières. Nous le faisons en réinvestissant massivement les quartiers où ces trafics se produisent. C’est ce que nous faisons en créant quatre cent soixante postes supplémentaires de policiers à Marseille, en y plaçant des unités de forces mobiles dans les quartiers dont la police était partie depuis longtemps, et en faisant en sorte qu’aussi longtemps que ces trafiquants agissent, nous puissions être présents.

Le niveau des avoirs saisis sur les trafiquants de drogue a ainsi augmenté de façon extrêmement significative au plan national : 40 % de plus l’an dernier. Ces montants d’avoirs saisis passent de 260 millions d’euros à près de 450 millions. Le tonnage de drogue récupéré dans les quartiers est lui aussi en augmentation très significative, et le nombre de filières démantelées a également considérablement augmenté grâce au travail d’observation, de police scientifique et technique et de surveillance effectuée par des forces de l’ordre qui travaillent en collaboration les unes avec les autres. À Marseille, c’est notamment le cas de la police et de la gendarmerie.

On observe le phénomène suivant : lorsque le périmètre d’intervention de ces groupes est réduit par le démantèlement de leur activité, la lutte entre ces groupes pour essayer de maintenir une activité se fait plus rude. C’est ce à quoi nous avons assisté à la Castellane et dans un certain nombre de quartiers, et nous allons continuer ce travail de démantèlement jusqu’à l’éradication totale de ces filières organisées du crime.

Cela implique premièrement la présence massive de forces pendant longtemps ; deuxièmement du travail de police scientifique et technique pour démanteler la totalité des filières ; troisièmement une réponse judiciaire ferme et immédiate ; quatrièmement un travail de réinsertion en prison car la seule réponse n’est pas sécuritaire, il y a aussi un problème de fond de réinsertion et d’adaptation dans les prisons ; et cinquièmement, cela implique une action internationale de lutte contre les filières organisées de la drogue qui mobilisent des acteurs présents dans la bande sahélo-saharienne et en Amérique du Sud. Sans une coopération forte au sein d’Europol et d’Eurojust, nous n’aurons fait qu’une partie du travail.

Voilà l’action globale du Gouvernement. Nous sommes résolus à la conduire jusqu’au démantèlement de toutes les filières dans les quartiers.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion