Intervention de Bruno Retailleau

Séance en hémicycle du 16 novembre 2015 à 16h10
Débat sur la déclaration du président de la république

Bruno Retailleau :

Messieurs les présidents, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, mesdames et messieurs les parlementaires, je voudrais m’associer à mon tour à la peine incommensurable des familles. Je voudrais également, au nom de mon groupe, féliciter et rendre hommage à toutes celles et ceux qui ont porté secours aux victimes, notamment aux forces de l’ordre, aux forces de sécurité et au personnel médical.

Oui, le terrorisme islamiste – parce qu’il faut le nommer, il faut avoir ce courage – a frappé, au coeur de la France. Dans l’échelle de la barbarie, qui n’a pas de limite, il a franchi une nouvelle étape. On a tiré sur la foule. On a mitraillé des hommes et des femmes, tout simplement parce qu’on les présumait Français.

À travers chacune de ces victimes, ce sont tous les Français qui étaient visés. C’est la France, toute la France, qui était visée, pour ce qu’elle est : la France comme nous l’aimons, la France pour ce qu’elle représente, avec nos valeurs, ces valeurs républicaines qui sont inscrites dans notre devise et qui nous portent à l’universel.

Oui, nous aimons la liberté et nous lui sommes viscéralement attachés : liberté d’expression, liberté de conscience, de croire ou de ne pas croire. Oui, nous sommes viscéralement attachés à l’égalité – égalité de tous les hommes entre eux, égalité des hommes et des femmes. Oui, nous sommes viscéralement attachés à la fraternité, à cette fraternité française qui permet à chacun d’entrer dans le destin national, quelle que soit sa naissance, son origine ou sa religion.

Parce que la France, c’est cet effort continuel, de génération en génération, pour opérer cette synthèse improbable entre ce qu’il y a de plus singulier et de plus universel en chaque homme. Oui, ce sont ces valeurs, nos valeurs qui ont été attaquées. C’est d’un pays étranger, la Syrie, que tout a été commandité. Dans son allocution, dès vendredi, dans la nuit, le Président de la République a désigné – à raison – l’acte comme étant un acte de guerre, en proposant au pays deux décisions : l’état d’urgence, qui devra bien sûr être prorogé, et, sans doute, adapté, et le rétablissement des contrôles aux frontières.

Monsieur le Premier ministre, immédiatement, spontanément, nous avons dit oui à ces décisions. Nous les avons soutenues sans aucune réserve, dans un mouvement d’unité, de cohésion nationale. Le Président de la République et vous-même, vous nous appelez à cette unité nationale, qui est si importante. C’est une évidence : « Cela ne se mégote pas », disait l’orateur précédent.

Mais cette unité, cette cohésion nationale se construisent aussi dans le respect de l’opposition, dans un dialogue avec toutes les forces vives de notre pays. Si nous n’avons pas mégoté notre soutien aux textes de loi sur le terrorisme et sur le renseignement que vous nous avez proposés, monsieur le Premier ministre, trop peu de nos propositions ont été acceptées. Nous sommes disponibles, à chaque instant, pour les renouveler. Évidemment, la cohésion nationale et l’unité ne sont pas seulement une exhortation – les Français ne le comprendraient pas : elles doivent déboucher sur des mesures fortes, corrélées, proportionnées à cet état de guerre dont parlait le Président de la République il y a quelques instants encore. L’unité nationale n’a de sens que lorsqu’elle est construite dans l’exigence.

Nous sommes attendus : les Français attendent naturellement des résultats sur le plan de la sécurité intérieure. Le Président de la République a fait des propositions. Nous serons présents pour soutenir beaucoup d’entre elles. Nous en avions proposé certaines depuis longtemps. Je pense notamment à celles relatives à la déchéance de nationalité et aux reconduites à la frontière.

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