Intervention de Marie-Hélène Fabre

Séance en hémicycle du 3 février 2016 à 15h00
Renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel — Article 17

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Hélène Fabre :

Mes chers collègues, le stage de sensibilisation aux conditions réelles d’exercice de la prostitution, s’il est le dernier étage de l’édifice institutionnel proposé par ce texte, n’en est pas pour autant le moins fondamental. Je pense que ce qui permet à la prostitution de subsister dans nos sociétés relativement évoluées, c’est moins le goût de ceux qui s’adonnent à cette pratique que la méconnaissance profonde de la réalité de ce phénomène. Car un grand nombre de mythes continuent d’entourer la prostitution et sa pratique dans notre pays. Invariablement dans le débat revient l’idée que les personnes prostituées sont, dans leur majorité, volontaires, voire apprécient leur activité, qu’elles la considèrent comme un travail comme un autre et que leur niveau de vie est particulièrement confortable en raison des tarifs pratiqués. Bref, à entendre certains discours, dans ce pays, la prostitution serait un travail comme un autre qu’il conviendrait d’encadrer et de réglementer comme d’autres professions. Par exemple, on irait voir indifféremment une prostituée ou une assistante sociale puisque c’est à peu près la même chose.

C’est pourquoi je trouve le dispositif envisagé par l’article 17 particulièrement intéressant. S’attaquer au porte-monnaie des clients est utile sans être suffisant. Les aider à prendre conscience des conséquences de leurs actions est plus essentiel. Face à leur déni de réalité, il me paraît fondamental d’instaurer des mesures de sensibilisation pour déconstruire et combattre la représentation incroyablement idéalisée de la prostitution et montrer sa réalité.

La création de ce stage de sensibilisation aux conditions d’exercice réel de cette activité, sur le modèle des stages instaurés en matière de sécurité routière ou de stupéfiants, me semble être une très bonne initiative qui permettra aux clients de la prostitution de mesurer enfin la souffrance de ces personnes qui ont prétendument choisi cette activité.

Grâce à cet instrument mis à la disposition des juridictions de police, j’ai bon espoir que les clients prennent conscience de leur participation et de leur contribution au fonctionnement d’un système violent et parfaitement criminel et se résolvent à ne plus y participer.

C’est pourquoi je me réjouis de cette possibilité de sensibilisation qui, je l’espère, sera largement mise en oeuvre et proposée par les tribunaux de police.

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