Intervention de Jean-Marc Germain

Séance en hémicycle du 1er juillet 2016 à 15h00
Égalité et citoyenneté — Article 38

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Germain :

Chers collègues, le 3 novembre 1896, la voix d’un jeune député de 37 ans s’est élevée dans cet hémicycle, une grande voix, un modèle pour nous tous. Il dénonçait le premier génocide des Arméniens, qui fit 200 000 morts. C’était Jean Jaurès.

Je suis moi aussi, comme tous les autres parlementaires qui se sont exprimés, particulièrement ému aujourd’hui car nous vivons un grand moment pour notre pays. Cette loi, c’est d’abord un devoir de mémoire. Mémoire pour ces millions de victimes qui n’ont pu être évitées, peut-être parce que, malgré cette grande voix qui s’est élevée, et d’autres ensuite, elles n’ont pas été entendues. C’est d’abord à ces victimes que je veux penser aujourd’hui. Cette loi, c’est aussi un devoir d’avenir, et c’est peut-être le plus important.

Si le génocide avait été reconnu comme tel, si des mots avaient été mis sur ces crimes, si des sanctions avaient été prévues comme nous nous apprêtons à le faire aujourd’hui, pour condamner ceux qui nient les génocides, peut-être aurait-on pu éviter, vingt ans plus tard, le massacre de 1 500 000 Arméniens. Peut-être aussi aurions-nous pu éviter la Shoah, tant on sait combien le génocide des Arméniens a inspiré ceux qui ont perpétré le génocide des Juifs et bien d’autres massacres encore.

Enfin, ce texte n’est pas celui d’un peuple contre un autre. Un peuple se grandit quand il regarde en face son histoire, quand il sait mettre un mot sur les périodes les plus noires de son histoire, comme la France a su le faire en reconnaissant le rôle de l’État français dans le génocide des Juifs.

Nous avons reconnu le génocide des Arméniens, et les Turcs sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à en reconnaître la nécessité. Nous sommes fiers que notre pays ait apposé une plaque au mémorial d’Erevan pour reconnaître publiquement le génocide des Arméniens.

Dans quelques instants, nous voterons, je l’espère, la pénalisation du négationnisme. C’est une avancée et j’appelle nos amis turcs à reconnaître le génocide des Arméniens. Cet acte grandit les peuples et l’humanité tout entière.

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