Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 30 mars 2021 à 15h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

En 2017, Emmanuel Macron, fraîchement élu, avait, à l'occasion du One Planet Summit, interpellé la communauté internationale pour qu'elle renforce ses efforts en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Ses mots claquaient devant une assemblée attentive : « On ne va pas assez vite et c'est ça le drame » ; « On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas » ; « On doit tous bouger car on aura tous à rendre compte ». Depuis, quelle douche froide !

En 2019, notre président était pourtant toujours plus que jamais mobilisé au chevet du climat. Pour le prouver, il a sorti le grand jeu : climat et démocratie allaient s'embrasser ; la grande concertation citoyenne était lancée. Nous avions toutes les raisons d'espérer, puisqu'Emmanuel Macron l'avait promis : « Ce qui sortira de cette convention, je m'y engage, sera soumis sans filtre soit au vote du Parlement, soit à référendum, soit à application réglementaire directe. »

Presque deux ans plus tard, le compte n'y est pas. Seules 46 des 149 propositions de la Convention citoyenne pour le climat se retrouvent dans le projet de loi que nous commençons à examiner, et à peine 10 si l'on en croit les manifestants de dimanche partout en France.

Après tout, le « coup de com' » aurait pu être pardonné si le texte proposé était à la hauteur des enjeux affichés. La planète brûle, les océans charrient sur nos rivages des vagues de plastique, l'air que nous respirons a trop souvent l'odeur des pots d'échappement, les glaciers de nos montagnes fondent, la nourriture que nous mangeons vient des quatre coins de la planète ; et pour répondre à cela, on nous parle d'interdire les terrasses chauffées et la publicité volante sur les plages, on nous parle de menus végétariens. Difficile de se convaincre que nous allons sauver la planète avec de telles mesures…

Pour ma part, j'ai déposé 130 amendements : pas pour le panache, mais pour vous alerter, madame la ministre de la transition énergétique, mesdames et messieurs les rapporteurs de la commission spéciale, sur des sujets aussi essentiels que l'énergie éolienne, sur laquelle vous misez beaucoup alors qu'elle est de moins en moins acceptée par les Français.

J'aurais aussi aimé vous faire des propositions sur l'artificialisation des sols, car s'il est vrai que vous vous êtes emparés du sujet, renforcer les pouvoirs des maires en la matière ne serait pas du luxe pour encadrer plus encore l'implantation de nouvelles grandes surfaces et renforcer l'utilisation des friches.

J'aurais souhaité vous faire des propositions pour rendre nos communes plus vertes en créant, par exemple, un nouveau label, « Villes arborées », ou en renforçant notre législation pour lutter contre les dépôts sauvages d'ordures.

J'aurais surtout voulu faire avec vous d'une pierre deux coups : réduire les inégalités territoriales et promouvoir des transports plus écologiques. Je pense bien évidemment à votre volonté affichée de réduire le fret par camion et à votre incapacité à accélérer de grands projets comme la ligne à grande vitesse entre Montpellier, Béziers et Perpignan, l'autoroute A9 continuant d'être fréquentée chaque jour par plus de 600 camions transportant des fruits et légumes.

J'aurais aimé également défendre des amendements attendus par nos agriculteurs et nos viticulteurs, trop souvent accusés d'être des pollueurs alors que ce sont eux qui nous nourrissent et qui façonnent nos paysages.

Des propositions de bon sens, proches des préoccupations des Français, j'aurais voulu vous en présenter des dizaines, mais à cause du temps législatif programmé, ce sera une nouvelle fois impossible.

C'est dommage, car j'aurais pu partager avec vous les expériences que nous menons à Béziers. Pour lutter contre l'artificialisation des sols, nous avons rendu pas moins de 500 hectares à l'agriculture lors de l'adoption de notre dernier plan local d'urbanisme – PLU. Certes, nous n'interdisons pas les sapins de Noël, mais 5 000 arbres auront été plantés dans toute la commune en six ans. La ville de Béziers s'est engagée en septembre 2017 dans une démarche de développement durable pour les équipements culturels à travers la mise en oeuvre d'une politique environnementale globale dans notre théâtre, devenu ainsi le premier théâtre municipal écoresponsable, c'est-à-dire sans perturbateurs endocriniens. Nous poursuivons aujourd'hui l'expérience avec nos crèches, pour une écologie concrète et sans blabla.

Je n'aurai malheureusement pas le temps non plus de vous parler de l'inauguration du projet innovant de production d'hydrogène vert décarboné, le projet Genvia, que nous avons inauguré ce matin même à Béziers : ce projet, qui va permettre la création de pas moins de 500 emplois, montre qu'il est possible de concilier emploi et écologie.

De tout cela, je ne pourrai malheureusement pas discuter avec vous faute de temps de parole. Avec ce gouvernement, la double peine : ni écologie, ni démocratie !

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