Intervention de Frédérique Dumas

Séance en hémicycle du jeudi 8 avril 2021 à 15h00
Droit à une fin de vie libre et choisie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédérique Dumas :

qui montre la souffrance, la douleur insupportable et malheureusement la réalité que vivent certaines personnes en soins palliatifs et que nombre d'entre nous ont connue dans leur entourage.

Par ailleurs, ne nous trompons pas de débat : celui d'aujourd'hui concerne non pas la mort elle-même, mais le passage de la vie à la mort. Ce sont bien les conditions de ce passage que nous proposons de pouvoir choisir, et non le fait de mourir.

« Mourir n'est pas mon projet de vie. Je ne veux pas mourir. [… ] Il me reste une ultime liberté : celle de choisir la façon dont je vais mourir. » Ces mots sont ceux de l'écrivaine Anne Bert, qui a dû se rendre en Belgique pour mourir dignement.

Le cinéma, encore une fois, nous raconte magnifiquement les questionnements intimes qui nous assaillent lorsque la mort qui approche est inéluctable. Le film Quelques heures de printemps, de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon, montre avec justesse que le fait de pouvoir choisir les conditions de sa fin de vie donne parfois l'occasion de dire ce qu'on n'a pas pu ou su dire plus tôt et de se réconcilier avec ses proches.

Donner un droit, celui de pouvoir choisir comment aborder ce moment lorsqu'il est proche, est une ultime liberté.

Le texte que nous examinons aujourd'hui est le fruit d'un travail transpartisan ; il a été très largement coconstruit avec des députés de tous horizons. Le dispositif que nous proposons est très encadré, et les amendements adoptés en commission sont de nature à rassurer quant aux conditions d'accès à cette aide médicalisée.

Pour certains, ce ne sont pas les 4 000 amendements déposés qui empêchent le débat, mais le fait d'aborder ce sujet dans le cadre d'une niche parlementaire de l'opposition. Pourtant, il y a bien un refus du débat, et c'est précisément l'inscription de cette proposition de loi transpartisane à l'ordre du jour de la niche du groupe Libertés et territoires qui a permis de lancer le débat, d'intéresser les médias et de prendre l'opinion publique à témoin. Dans notre groupe, même celles et ceux qui n'étaient pas favorables au texte ont accepté que le débat ait lieu.

Nos messageries électroniques n'ont pas été – bien au contraire – envahies de messages nous demandant de nous opposer à ce nouveau droit, comme cela a pu être le cas sur d'autres sujets de société, par exemple lors de l'examen de la loi bioéthique, texte éminemment plus complexe. C'est le signe que notre assemblée, au même titre que la société, est mûre ; les Françaises et les Français sont prêts.

Nous comprenons les oppositions au texte. Il est plus que légitime qu'elles s'expriment, mais est-ce un motif suffisant pour ne pas débattre et pour ne pas voter ? Si le texte est adopté aujourd'hui, il ne le sera pas encore définitivement, il devra l'être au Sénat et plusieurs lectures seront sans doute nécessaires. Nous ne légiférons donc pas dans l'urgence, mais nous avançons, car il est temps.

Le groupe Libertés et territoires est évidemment fier de présenter un tel texte, mais nous avons bien conscience que, déjà, il ne nous appartient plus. Mes chers collègues, au-delà des appartenances partisanes, à votre tour de vous saisir de l'occasion que la proposition de loi nous donne de débattre et de voter en toute conscience.

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